Le plan justice néglige l’urgence des prisons


Le plan pour la justice présenté jeudi par Éric Dupond-Moretti « passe sous silence » la surpopulation record dans les prisons et n'est « absolument pas à la hauteur » de l'urgence carcérale, a déclaré Dominique Simonnot, la contrôleure générale des lieux deprivation de  liberté (CGLPL). Le garde des Sceaux a annoncé une soixantaine de mesures visant à améliorer le fonctionnement de la justice.


Sur le volet prisons de ce plan issu des États généraux de la justice, le ministre s'en est globalement tenu aux réformes existantes (transfèrement de détenus vers des établissements moins surpeuplés, incitation au travail en détention...), à celles entrées en vigueur au 1° janvier (élargissement des « libérations sous contrainte ») et au plan de construction de 15 000 nouvelles places d'ici à 2027.


« Le ministre n'a pas pris les mesures qui s'imposent et donc il passe sous silence la situation. S'il reconnaissait que c'est une catastrophe, et c'en est une, il serait obligé de prendre des mesures adéquates », assure Dominique Simonnot, nommée fin 2020 à la tête de l'autorité indépendante du CGLPL.


Le nombre de détenus en France a atteint un niveau record en décembre pour le deuxième mois d'affilée, avec 72 836 personnes sous les verrous pour 60 698 places opérationnelles.

Dominique Simonnot a déploré que le ministre ait ignoré certaines recommandations sur les prisons formulées dans le rapport du comité des États généraux, notamment celle sur un « mécanisme de régulation » carcérale.

Remis en juillet au chef de l'État, ce rapport recommandait d'introduire un mécanisme fondé sur la fixation, pour chaque établissement, d'un seuil de « suroccupation majeure » dont le dépassement pourrait, in fine, conduire à des mesures de désengorgement inspirées de celles

prises au printemps 2020, au plus fort de l'épidémie de Covid-19.

« (Le ministre) avait pourtant dit qu'il retiendrait les États généraux dans son ensemble », a regretté la contrôleure générale, qui voit dans cette omission un choix « politique » dicté par la crainte d'être taxés de laxisme à droite ou à l'extrême droite. « C'est un débat totalement piégé par la politique », estime-t-elle. « C'est bizarre, on a un jeune président qui se dit auda- cieux, qui prône l'audace et, finalement, ils sont assez trouillards. »

@Corse-Matin

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