La fin des « activités ludiques »

« Nous allons supprimer les activités ludiques en prison », a décidé le garde des sceaux il y a peu. Outre l’affirmation répétée d’une posture autoritaire et « sévère » à l’égard des délinquants ou détenus, excluant toute dimension éducative ou compatissante au profit d’une posture essentiellement répressive, on ne peut manquer de s’interroger sur deux phénomènes que cette déclaration met en lumière.


Le premier souligne l’utilisation croissante de tournures ou de mots inappropriés ou contraires pour caractériser une situation ; les populistes ont un recours permanent à cette pratique. Albert Camus disait que « mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde ». Appeler « activité ludique » des séances de massage effectuées gratuitement par des étudiants en kinésithérapie auprès de détenus, dans le but de détendre quelque peu les tensions infernales que subissent les personnes en milieu carcéral, relève d’une volonté de manipulation voulant faire passer des soins pour des loisirs.
 

Le second est dans cette droite ligne : si le ministre s’est ainsi exprimé, c’est qu’il perçoit le désir inconscient ou non de la population à punir et faire souffrir les personnes qui ont contrevenu aux lois. À rebours du code pénal qui parle de punir et exclure pour un temps ces délinquants mais aussi d’assurer leur réinsertion ultérieure dans la société, celle-ci privilégie vengeance et souffrance.
 

Comment développer un regard compassionnel pour les déviants ? Comment éviter la tentation du « œil pour œil, dent pour dent » et plutôt chercher le message du Christ, qui a sans cesse redonné leur humanité à tous ceux que la société avait condamnés ?

Jean Fontanieu, secrétaire général de la FEP 

L’oeil de Réforme - le 15 avril 2025

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