Ces articles traitent du projet potentiel d'implanter une prison de haute sécurité à Arles, destinée aux 100 narcotrafiquants les plus dangereux de France. Le ministre de la Justice évalue Arles comme site possible, soulignant les critères de sécurité et d'isolement nécessaires. Cependant, un syndicat de la justice exprime des réserves quant à l'adaptation de la prison d'Arles, notamment en raison de sa proximité avec la ville et des difficultés potentielles de brouillage des communications. Les habitants d'Arles manifestent des réactions mitigées, certains craignant une augmentation de l'insécurité, tandis que d'autres estiment que cela ne changera pas fondamentalement la situation. Le maire d'Arles doute que ce soit le choix du ministre en raison des travaux importants à effectuer pour adapter la prison. L'objectif est de créer une structure sécurisée empêchant les détenus de communiquer avec l'extérieur, suivant un modèle italien.
france3-regions - le 17 février 2025
Pourquoi Arles pourrait accueillir la première prison de haute sécurité pour les 100 narcotrafiquants les plus dangereux de France
La maison centrale d'Arles fait partie des quatre établissements retenus pour le projet de première prison haute sécurité. La structure répond-elle aux critères ? Selon le syndicat FO Justice, en total accord avec le projet, ce n'est pas le lieu le plus adapté, notamment au vu de sa situation géographique et sa proximité avec la population.
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Société
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Gérald Darmanin, l’a annoncé : au 31 juillet 2025, verra le jour une prison de haute sécurité qui accueillera les 100 plus gros narcotrafiquants. Le ministre de la Justice, qui s'est rendu le 14 février, à la maison centrale d’Arles, devrait annoncer "d'ici une dizaine de jours" le site de la future prison de haute sécurité. Quatre établissements sont en lice pour ce projet : la maison centrale d’Arles, Vendin-le-Vieil, à Saint-Maur ou encore Condé-sur-Sarthe.
L’objectif, se baser sur le système italien et du "régime de détention particulier antimafia", pour que les détenus ne puissent plus communiqués avec l’extérieur. Tout cela, grace à "un dispositif de sécurité absolument exceptionnel", avec des systèmes de brouillage de téléphones ainsi qu’un dispositif anti-drone. Pour que ce projet de prison de haute sécurité voit le jour, quatre millions d’euros sont prévus pour rénover la prison qui sera choisie. France 3 Provence-Alpes vous explique pourquoi Arles accueillera (ou pas) la première prison de haute sécurité pour les narcotrafiquants les plus dangereux de France.
Parce que la centrale d'Arles a le potentiel d'une prison de haute sécurité selon Gérald Darmanin
Selon Gérald Darmanin, cette prison de haute sécurité devra remplir certains critères. Concernant les détenus, c’est un critère de "dangerosité par rapport à l’extérieur". C’est pourquoi cette prison devra "éviter au maximum les extractions judiciaires". Pour cela, le ministre de la Justice précise qu’il faudra davantage de personnel et notamment des IRIS prêts à intervenir rapidement et donc doivent être dans la prison.
Le deuxième critère est de faire une espèce de "cage de faraday", c’est-à-dire créer une impossibilité de communiquer avec l’extérieur, quelles que soient ces communications. Pour cela, des outils seront mis en place et expérimentés. "Il faut aussi prévoir une sécurité totale, si cette prison devait être attaquée", a indiqué Gérald Darmanin. Il ajoute également que des cours de promenade séparée, "en petits groupes" comme en Italie, "avec des agents formés", devront être mis en place.
En résumé, "c’est à la fois une question d’espace, une question technologique d’isolement avec l’extérieur, et de limiter au maximum les extractions", que les détenus "puissent être opérés sur place, avoir de la visio, que les magistrats puissent s’il le souhaitent se déplacer".
Il souligne également que "les agents pénitentiaires devront être particulièrement formés, entre autres, au risque corruptif ou les menaces", et avoir des moyens supplémentaires. Il a d’ailleurs comme volonté de créer une "police pénitentiaire" en 2026, "pour faire de l'administration pénitentiaire la troisième force de sécurité intérieure de notre pays".
Parce que la prison d'Arles n'est pas vraiment adaptée selon le syndicat FO
Pour le syndicat FO Justice, qui est en accord avec ce projet de prison haute sécurité, la maison centrale d’Arles ne pourra pas recevoir ces détenus. Eddino Wojak, secrétaire FO justice de la maison centrale d’Arles, est formel : géographiquement, ce n’est pas possible. "On est pas très loin du centre ville. Pour les brouilleurs de téléphones et les drones, on ne pourra pas brouiller à 100 %, car il y a beaucoup de riverains et centres commerciaux autour", argumente-t-il.
Des arguments complétés par Jessy Zagari, délégué national FO Justice, qui estime quer la maison centrale n’est pas adaptée ; pour différents aspects sécuritaires. "Elle est en plein cœur d’une zone industrielle, avec beaucoup de civils et de circulation, ajoute-t-il avant de poursuivre. Le centre ville d’Arles n’est pas loin, et il y a surtout une sortie d’autoroute pas loin. Si nous accueillons des détenus à haut risque, il faut imaginer des scénarios à haut risques. Imaginons une attaque ou une évasion sanglante… il ne faut pas que la population avoisinante ne soit impactée." Pour lui, d’autres établissements, notamment plus isolés et moins vieillissants, sont plus apropriés.
Jessy Zagari précise que la "classification des établissements" est une bonne chose. "Les structures où il y a tous les profils, avec des peines vraiment différentes, c’est une abérration", argue-t-il.
Il faut mettre les moyens sécuritaires pour certains profils et des moyens moindres pour d’autres profils. Car là, on veut tellement sauver tout le monde, qu’on sauve personne.
Jessy Zagari, délégué national FO Justice
Ces prisons de haute sécurité permettentront de "tout controler et isoler les détenus du trafic. Forcément, ils perdent du pouvoir et le contrôle de leur organisation", ponctue Jessy Zagari.
Toutefois, si la maison centrale d’Arles n’est pas retenue pour être la première prison haute sécurité du territoir français, elle pourrait faire partie des "deux ou trois autres établissements similaires", qui verraient le jour en 2026, pour pour la mise à l'isolement de 600 à 700 narcotrafiquants au total. Ce qui permettra de placer en détention "à la fois des personnes condamnées définitivement et des personnes prévenues", sélectionnées selon leur dangerosité, a précisé le ministre. En France, 17 000 personnes sont actuellement détenues pour des faits liés au trafic de stupéfiants et à la criminalité organisée, selon Gérald Darmanin.
Après avoir visité Vendin le Vieil, Arles, il se rend ce lundi à Condé-sur-Sarthe dans l’Orne, il doit encore visiter Saint-Maur, dans l’Indre.
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"On n'a pas envie", les voisins de la prison d'Arles réagissent à l'accueil possible des 100 plus gros narcotrafiquants
En visite à la maison centrale d'Arles vendredi dernier, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé que la prison fait partie des quatre établissements en lice pour accueillir les 100 plus grands trafiquants de drogue de France. Les habitants du quartier sont partagés.
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Depuis leur fenêtre, Frédéric et Nathalie ont comme vue des miradors, des murs et des barbelés. Alors avoir en plus comme voisin les 100 plus grands narcotrafiquants de France ne les réjouit pas du tout. "On n'a pas envie, qu'ils les mettent autre part !", lâche Frédéric à travers le portail. Rien n'est sûr pour le moment, mais le ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé vendredi 14 février que la maison centrale d'Arles fait partie des quatre établissements en lice pour son projet de regroupement des plus gros trafiquants de drogue à partir du 31 juillet prochain.
"Ça vous plairait vous ?", lance encore l'habitant. Le couple vit certes ici depuis 20 ans et a l'habitude du bruit et des drones qui survolent parfois leur jardin. Ils vivent avec. Mais cette fois, ils sont un peu plus inquiets. "C'est ce qu'il va se passer autour qui va nous déranger parce que le trafic ne s'arrête pas dans les prisons. Il risque d'y avoir de l'insécurité en plus par exemple avec les visites", insiste Nathalie.
"Ça ne change pas grand-chose"
Les habitants ont appris la nouvelle à la télévision et regrettent aussi de ne pas avoir eu un mot dans la boîte aux lettres. Plus globalement, Frédéric dit ne pas comprendre l'objectif du regroupement : "Je trouve ça complètement con. À quoi ça sert ? Sinon de créer un plus gros cartel..." Le couple estime qu'une prison en pleine campagne serait plus adaptée.
Mais quelques maisons plus loin, Lisa relativise : "Ça ne change pas grand-chose. Que ce soit pour de la drogue, des meurtres ou des violences, on est dans le même registre : dans le très sombre". La maison centrale accueille en effet déjà des condamnés à de longues peines et des détenus sensibles. Et puis le ministre de la Justice promet un "dispositif de sécurité exceptionnel" dans la prison qui sera choisie avec une impossibilité de communiquer avec l'extérieur.
Impact sur l'immobilier ?
C'est ce qu'attend Clément, père de deux enfants qui habite aussi juste en face : "Il faut vraiment qu'ils mettent en avant la sécurité, et qu'on ne soit pas impacté dans la vie de tous les jours". Mais le père de famille s'inquiète surtout de l'impact sur le prix de l'immobilier dans le quartier. Il compte se concerter avec des voisins pour peut-être former un collectif et défendre leurs droits.
Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a pour objectif de trouver la prison adaptée d'ici une semaine. Cette prison devrait accueillir les plus gros narcotrafiquants à partir du 31 juillet prochain.
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Prison pour les narcotrafiquants à Arles : "Pas sûr que ce soit le choix du ministre", assure Patrick de Carolis
La prison d'Arles pourrait être celle qui va accueillir les 100 narcotrafiquants français les plus dangereux. Alors que sa ville bondit au classement des villes où il fait bon vivre, le maire Patrick de Carolis est l'invité d'ici Provence.
La prison d'Arles pourrait être celle qui va accueillir les 100 narcotrafiquants français les plus dangereux. Alors que sa ville bondit au classement des villes où il fait bon vivre, le maire Patrick de Carolis est l'invité d'ici Provence. https://t.co/Las2xKdFpV
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Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, doit annoncer dans les prochains jours quelle prison accueillera les plus gros narcotrafiquants de France. Parmi les quatre sites en lice figure la maison centrale d'Arles.
Certains habitants redoutent cette désignation, mais Patrick de Carolis se montre sceptique sur ce choix : "Je n’ai pas senti que le site correspondait prioritairement aux attentes du ministre", confie le maire d’Arles, alors que Gérald Darmanin était sur place vendredi dernier, pour visiter la prison. Selon Patrick de Carolis, l’architecture de la prison, datant des années 90, nécessiterait de lourds travaux pour répondre aux besoins d’un tel projet. "La façon dont les bâtiments sont agencés ne correspond pas aux besoins recherchés", selon le maire.
Autre élément qui pourrait jouer en défaveur d’Arles : sa proximité avec le centre-ville. "Vous savez, on rentre dans Arles et on a cette prison sur la droite", souligne Patrick de Carolis, mais avant d’ajouter : "Ce n’est pas un critère recherché".
"Drogue, violence ou meurtre… on est dans le même registre"
"On n'a pas envie, qu'ils les mettent autre part !", lâche Frédéric, un riverain de la prison, ajoutant :"Ça vous plairait vous ?".
Pour Lisa, une autre habitante proche de la prison, ce projet ne changerait pas fondamentalement la situation : "Les détenus ici purgent déjà de très longues peines. Drogue, violence ou meurtre… on est dans le même registre". Patrick de Carolis partage cet avis : "La maison centrale accueille déjà des délinquants condamnés à de lourdes peines. Ce projet nécessiterait des aménagements pour l’État, mais ne modifierait pas la physionomie de l’établissement ».