Les agents pénitentiaires sous pression maximale

Après l’incendie d’un véhicule appartenant à un surveillant de la prison d’Aix-Luynes, devant son domicile, les agents pénitentiaires ne se sentent plus en sécurité.


Après une série d'attaques coordonnées contre des établissements pénitentiaires et des domiciles de surveillants, les agents pénitentiaires se sentent en insécurité. Les attaques, revendiquées par un groupe signant "DDPF" (Défense des droits des prisonniers français), ont visé des véhicules et des habitations, semant la terreur parmi les surveillants.

Les syndicats dénoncent un climat de peur et d'insécurité, aggravé par la surpopulation carcérale et le manque d'effectifs. Les agents reçoivent des consignes de vigilance, comme éviter de s'exposer sur les réseaux sociaux ou de sortir en uniforme.

L'incendie du véhicule d'un responsable syndical devant son domicile, filmé et diffusé sur Telegram, a particulièrement choqué. Les agents demandent des renforts militaires pour sécuriser les prisons, mais craignent que les domiciles restent vulnérables.

• Blandine FRAYSSE

J+ 1 après les attaques qui ont visé six établissements pénitentiaires, à Aix-Luynes, Nîmes, Valence, Toulon, Nanterre et Villepinte, mais aussi les parkings de lieux d’habitation supposément occupés par des agents pénitentiaires à Marseille.

Dans les rangs de cette administration visée depuis plusieurs jours par un mystérieux mouvement signant ses actions des lettres DDPF supposées revendiquer la "Défense des droits des prisonniers français", la devise n’est plus tant "honneur et discipline" que "terreur et insécurité", selon les termes de Wilfried Fonck, secrétaire national du syndicat pénitentiaire Unap/ Unsa Justice. En témoignent les consignes de vigilance qui ont été diffusées aux surveillants, comme éviter l’exposition sur les réseaux sociaux ou sortir en civil de leur service.

"À l’intérieur, c’est le lot quotidien. À l’extérieur, c’est inquiétant"

Des préconisations dispensées alors qu’une nouvelle attaque a visé la profession dans la nuit de mardi à mercredi à la prison de Tarascon, où trois véhicules de surveillants ont été brûlés au petit matin. "Les menaces et les intimidations à l’intérieur, c’est le lot quotidien" pour les surveillants. "Que ça le devienne à extérieur, c’est inquiétant" et ajoute "une louche" dans un "contexte de chaos" avec "déjà la surpopulation" carcérale et "le manque d’effectifs", a confié Wilfried Fonck à nos confrères de l’AFP. Dominique Gombert, secrétaire général adjoint de FO Justice, évoque quant à lui "une volonté de semer la terreur".

Sur le terrain, où des forces de l’ordre ont accompagné des agents à leur prise de poste ce mercredi, l’angoisse filtre. Voire se matérialise, comme dans la nuit de mardi à hier, à quelques encablures du centre pénitentiaire d’Aix-Luynes, où un responsable syndical a vu sa voiture incendiée devant son domicile, par des individus cagoulés si assurés, qu’ils sont allés jusqu’à filmer l’agent pénitentiaire lors-qu’il est sorti de chez lui, avant de taguer son identité et son étiquette syndicale sur une chaîne Telegram.

"Il est en colère et dans tous ses états"

Abasourdi après de longues heures d’auditions devant les gendarmes, un de ses plus proches collègues déclare avoir décidé de se mettre "en retrait total" et "ne plus parler aux médias". À La Provence, il a cependant confié, dans un euphémisme prudent, "une situation compliquée" et relayé l’état d’esprit de l’agent visé par cette nouvelle attaque : "Il est à la fois dans tous ses états et en colère, comme nous tous qui avons des familles et des enfants."

En retrait, mais combatif, le responsable syndical a demandé "des renforts militaires pour sécuriser les établissements pénitentiaires", mais mesure, entre fatalisme et angoisse "qu’on ne pourra pas sécuriser les domiciles de tous les agents ».

La Provence, le 17 avril 2025

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