Les prisons de haute sécurité s’organisent

D’abord à Vendin-le-Vieil puis à Condé-sur-Sarthe, les deux prisons ultrasécurisées aménagent leurs quartiers de haute sécurité pour recevoir chacune cent détenus classés dangereux.


• Pierrick BAUDAIS.

Les ministères de la Justice et de l’Intérieur (ainsi que celui de la Santé dans une moindre mesure) sont en ordre de marche pour l’ouverture programmée des deux premières prisons de haute sécurité. Celle de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) doit être opérationnelle le 31 juillet et celle de Condé-sur-Sarthe (Orne) à la mi- octobre. Chacune d’entre elles hébergera cent détenus classés comme dangereux : deux tiers d’entre eux sont en détention provisoire, un tiers a déjà été condamné.

« La liste est en train d’être établie », a précisé lundi le ministre de la Justice, Gérald Darmanin. Notamment par l’administration pénitentiaire. Toutefois, concernant les détenus n’ayant pas encore été jugés et repérés comme dangereux par l’administration, ces derniers ne seront pas transférés à Vendin ou Condé « si le juge d’instruction s’y oppose », indique le garde des Sceaux.

Un isolement strict

À Vendin-le-Vieil, « les opérations de désencombrement » ont débuté. Autrement dit, l’établissement est vidé de ses actuels détenus qui vont être envoyés dans une dizaine d’établissements qui « ne sont pas en situation de surpopulation carcérale ». Cette opération devrait être achevée début mai.

Des travaux d’aménagement de la prison, déjà très sécurisée, vont ensuite être entamés et le personnel va être formé, notamment au risque de corruption. Près de 250 agents pénitentiaires (dont l’identité sera anonymisée) encadreront cent détenus. « Aucun surveillant ne se retrouvera seul avec un détenu », assure-t-on au ministère de la Justice.

Des Eris (équipes régionales d’intervention et de sécurité) seront par ailleurs présentes en permanence dans ces deux établissements pour assurer une plus grande sécurité. À l’intérieur, ces détenus seront soumis à un isolement strict : fouilles intégrales après tout contact avec l’extérieur qui n’aurait pas été sous surveillance constante des agents (avec les avocats notamment), parloirs avec hygiaphones, restriction des appels téléphoniques depuis un poste sur écoute…

Avec un tel régime, il y a un risque de « fabrique des fous », a alerté la contrôleure générale des lieux de privation de liberté. « Il faut couper ces détenus de l’extérieur. Certains d’entre eux peuvent commanditer des assassinats depuis leur cellule », avance Gérald Darmanin.

Ce régime carcéral de l’isolement, inspiré du modèle italien anti-mafia (appelé 41 bis), peut être prononcé pour une durée de deux ans, renouvelable une fois.

Ouest-France le 8 avril 2025

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