Prisons : Dominique Simonnot, contrôleure générale des lieux de privation de liberté, dénonce "l'abandon de l'État"

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D'après Dominique Simonnot, il manque "7 000 surveillants" dans les prisons françaises, notamment pour emmener les détenus à leurs "rendez-vous médicaux" et à leurs "activités".


Dominique Simonnot, contrôleure générale des lieux de privation de liberté, dénonce, jeudi 17 avril sur France Inter, "l'abandon de l'État" sur le dossier des prisons, au moment où plusieurs d'entre elles sont visées par des attaques depuis dimanche. "Il n'y a aucune politique carcérale véritablement pensée pour le moment. L'Allemagne a 15-20 000 détenus de moins et un taux de récidive bien inférieur, pourquoi nous, on rate tout ? déplore la contrôleure générale des lieux de privation. Il n'y a pas de courage politique en la matière."

Lors de ses visites, raconte Dominique Simonnot, "les détenus et les personnels pénitentiaires nous voient arriver avec plaisir et nous disent 'soyez nos porte-paroles, ça ne peut pas durer cette surpopulation, on va devenir tous fous". Cette surpopulation est "un échec de notre société, on fabrique de la récidive", abonde sur France Inter Christophe Korell, ancien policier, détaché au ministère de la Justice.

Vermines, cafards, punaises de lit...

Dominique Simonnot déplore un manque de moyens. "Il manque 7 000 surveillants en France", selon elle. "Il n'y a plus assez de surveillants pour amener les détenus aux rendez-vous médicaux à l'intérieur de la prison, ni aux activités", insiste-t-elle. Elle décrit aussi des conditions de vie très difficiles, avec des détenus qui "vivent au milieu des vermines, cafards, punaises de lit, des drogues, etc.". Elle demande une véritable réflexion sur le sujet.

"Ce n'est pas dans ces conditions qu'on sort de prison dans un bon état."

Dominique Simonnot, contrôleure générale des lieux de privation de liberté

à franceinfo

C'est aussi le souhait d'Éric Delbecque, expert en sécurité intérieure, auteur d'Irresponsables. Dix ans après Charlie Hebdo (Plon). "Il n'y a pas de grande politique de la sécurité et de la justice dans ce pays", regrette-t-il. "De temps en temps, on a quelques annonces mais penser l'intégralité de la chaîne, qui va de la prévention à la détention puis à la réinsertion, on n'est pas capables de le faire."

Une série d'attaques ont visé des prisons et des agents pénitentiaires ces derniers jours. Il n'y a "pas de piste privilégiée" dans l'enquête, a indiqué ce jeudi matin le procureur de la République antiterroriste sur franceinfo.

FranceinfoTV.com le 17 avril 2025

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