Gérald Darmanin donne le coup d’envoi de la première prison haute sécurité

Entouré des ministres de l’Intérieur et de la Santé, le garde des Sceaux a précisé le calendrier et rappelé les enjeux.


• Paule Gonzalès

Des convois partiront de Vendin-le-Vieil cette semaine pour une dizaine de lieux différents afin de vider la prison avant les travaux », a annoncé, lundi après-midi, Gérald Darmanin. Le ministre de la Justice a donc lancé sans perdre de temps le projet le plus emblématique depuis son arrivée à la Chancellerie : la création de prisons haute sécurité qui vont, d’ici le 15 octobre 2025, isoler les 200 plus dangereux narcotrafiquants de France. Une première étape sera franchie avec la mise en service de Vendin-le-Vieil au 31 juillet.

Le garde des Sceaux le jure, les établissements qui accueilleront les détenus actuellement à Vendin-le-Vieil seront au niveau en termes de sécurité, sans pour autant communiquer la liste de ces lieux. Mais les observateurs ont en mémoire qu’il y a 15 jours, dans la maison centrale d’Arles, deux téléphones portables ont été retrouvés dans la cellule de Gabriel Ory, membre éminent de la DZ Mafia. En tout, quatre appareils ont été trouvés dans ce même quartier d’isolement.

Pour doper les énergies, Gérald Darmanin, qui a bien l’intention de porter ce projet jusqu’au bout et coûte que coûte, a réuni lundi à la Chancellerie les ministres de l’Intérieur et de la Santé, Bruno Retailleau et Yannick Neuder, pour passer à la phase opérationnelle. Au programme, le sujet « des vulnérabilités » des personnels et du futur établissement haute sécurité : les extractions médicales, la sécurisation interne et externe de la prison, l’organisation opérationnelle des mouvements et les quartiers de lutte contre la criminalité organisée.

Formation des personnels spécialisés entre avril et juin

Autour des ministres étaient présents les préfets des départements concernés, les magistrats et chefs de juridictions, les agences de santé, l’administration pénitentiaire, les directeurs de la police nationale et de la gendarmerie et les services de renseignements. Car ce projet implique une première mission à haut risque : « Désencombrer l’établissement », résume Bruno Retailleau, pour permettre d’engager des travaux avant de le remplir à nouveau au début du mois de juillet.

Ce dernier prend donc sa part au « chaînage de fermeté qui va de la création d’un parquet anticriminalité, à une force pénitentiaire, sans oublier un état-major dédié », a-t-il affirmé. Le ministre de l’Intérieur s’est ainsi engagé de manière opérationnelle pour que la gendarmerie et le GIGN pilotent cette double opération, « en sachant que le transfèrement des narcotrafiquants est par définition plus dangereux que celui des sortants », a souligné Gérald Darmanin.

D’ici la fin du mois d’avril, une fois les appels d’offres passés, d’importants travaux interviendront pour sécuriser la centrale de Vendin-le-Vieil, un établissement qui est déjà le plus sûr de France. Ces travaux, qui impliquent notamment la pose de caillebotis aux fenêtres, l’installation de deux portiques à ondes millimétriques et la création de cinq salles de visioconférence, doivent permettre d’atteindre une étanchéité absolue d’ici début juillet. En tout, une enveloppe de 4 millions d’euros leur est dédiée, en sachant qu’un portique coûte déjà à lui seul 1 million d’euros. Quant au budget des travaux de Condé-sur-Sarthe, le deuxième établissement ultra-sécurisé qui ouvrira à la mi-octobre, il n’a pas encore été fixé. Il devrait être, selon nos sources, marginal puisque Condé reste le nec plus ultra des établissements pénitentiaires.

Responsable de la sécurité à l’extérieur des bâtiments, le ministère de l’Intérieur a également sa part de travaux à faire. À lui de financer les systèmes de vidéosurveillance et de reconnaissance des plaques d’immatriculation autour de l’établissement et au niveau des voies d’accès. À lui aussi d’assurer aux côtés de la pénitentiaire, quand ce sera nécessaire et même si tout est fait pour l’éviter, les transfèrements de détenus, ainsi que les interventions à l’intérieur de l’établissement en cas d’incident.

Entre avril et juin, les personnels spécialisés seront formés. Le projet prévoit d’augmenter le nombre de forces pénitentiaires, censées être sur place 24 heures sur 24, et les personnels dédiés qui, à ce titre, recevront une habilitation spéciale. P. G.

Le Figaro le 8 avril 2025

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