Les articles cités ci-dessous décrivent le film "Borgo", un thriller carcéral français réalisé par Stéphane Demoustier. L'intrigue suit une surveillante de prison, Mélissa (Hafsia Herzi), nouvellement affectée à une prison corse au fonctionnement atypique, où elle se retrouve impliquée dans une affaire de mafia. Le film s'inspire d'un fait divers réel et utilise des acteurs locaux, dont certains ayant une expérience carcérale, pour une représentation réaliste de l'environnement. La performance d'Hafsia Herzi est saluée, et le film est décrit comme un polar captivant et bien construit.
Un formidable thriller carcéral
Vvvvv
« Borgo »
21 h 10 (2 heures) Drame policier français de Stéphane Demoustier (2023), avec Hafsia Herzi (photo, au premier plan), Moussa Mansaly, Louis Memmi, Michel Fau…
Canal + MyCanal
Un thriller carcéral formidable, fascinant et ultra-maîtrisé qui raconte l’histoire d’une une gardienne de prison qui tombe dans le piège de la corruption
— framafad paca corse (@WaechterJp) January 29, 2025
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• Catherine Balle
C’est une prison pas comme les autres. Les détenus passent d’une cellule à l’autre, jouent au babyfoot dans une salle commune, s’installent des climatiseurs personnels. Les « chefs » ont une vue sur la mer, l’un d’eux a même un « goûteur ». Dans « Borgo », Stéphane Demoustier a « reconstitué » l’unité 2 du centre pénitentiaire de la ville corse. Un quartier en « régime ouvert », réservé aux détenus condamnés en Corse, et parfois surnommé « le Club Med »…
Dans ce thriller fascinant et ultra-maîtrisé, le réalisateur de « la Fille au bracelet » raconte l’histoire de Melissa, une gardienne de prison qui débarque de Fleury-Mérogis. Quand un taulard l’aide à se faire respecter des autres, elle ne se doute pas qu’il va lui demander un petit service en retour… Le film s’inspire de l’assassinat de deux figures du milieu corse en 2017 à l’aéroport de Bastia, auquel une surveillante pénitentiaire de Borgo est soupçonnée d’avoir participé.
Le réalisateur a décidé de ne choisir que des acteurs locaux pour accompagner Hafsia Herzi et Moussa Mansaly, qui incarnent la matonne et son mari. Sa directrice de casting lance un « plan Épervier » sur toute l’île. Elle place des annonces dans les boulangeries et les bars-tabacs pour recruter ceux qui incarneront les détenus de « Borgo ». Parmi ces acteurs amateurs, Stéphane Demoustier embauche deux surveillants de Borgo et une trentaine d’hommes, dont certains ont séjourné par le passé sur place. Leur connaissance du lieu lui sera très utile pour ce scénario qui sonne terriblement juste.
Catherine Balle
Aujourd’hui en France - le 28 janvier 2025
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« Borgo » : enfermée dehors
À la prison de Bastia, une nouvelle surveillante se retrouve prise dans une combine mafieuse. Un film qui vise juste.
« Borgo » : enfermée dehors
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Une nouvelle surveillante se retrouve prise dans une combine mafieuse. Un film qui vise juste. @Le_Figaro pic.twitter.com/LCWLCRm9C9
• Eric Neuhoff
Évidemment, c’est tentant. Cent mille euros, rien que pour désigner quelqu’un à l’aéroport de Bastia. Melissa (Hafsia Herzi) hésite, mais pas longtemps. Elle découvrira assez vite que l’argent a une odeur. L’héroïne est surveillante pénitentiaire. Elle débarque de Paris pour refaire sa vie en Corse, avec son mari sans travail et sa fille qui voudrait un vélo. Un nouveau départ, voilà ce qu’elle espère.
La prison de Borgo fonctionne sur un régime ouvert. On dirait presque que les détenus ont un œil sur les gardiens. La directrice, modèle d’administration découragée (Florence Loiret-Caille, parfaite de prudence et de désenchantement), informe là-dessus sa jeune recrue. C’est un autre monde. L’île a ses lois, qui ne sont pas celles du continent. Bref, l’établissement vit en plein désordre. Les condamnés jouent aux cartes dans un local. Les mégots s’entassent dans les cendriers, et les assiettes sales dans l’évier. Quel bazar ! Ils n’ont pas honte, non ? Bientôt, pourtant, ils renâcleront à retourner dans leur cellule.
Tout de suite, à cause de son prénom et d’une chanson, Mélissa décroche le surnom d’« Ibiza ». Elle a même droit à une version en dialecte local du tube signé Julien Clerc. Au moins, cela lui évite les redoutables polyphonies. On l’aime bien, quoi. Elle rend des services, rapporte des cigarettes, procure un ventilateur à un asthmatique. Cela pousse un gentil malfrat qui assure sa protection à lui proposer un marché. À quelle heure arrive l’avion de Genève tel jour ? Melissa accepte de bon cœur ces menues compromissions, fréquente la paillote où se retrouvent des voyous qui n’ont pas l’air si méchants que ça. C’est le doigt dans l’engrenage. Il y aura deux morts.
Le commissaire (Michel Fau), dans un rôle à contre-emploi, mène l’enquête avec bonhomie et sans illusions, décrypte une à une les images des caméras de vidéosurveillance. Le mari de Mélissa voudrait bien décrocher un job de menuisier. Il lui arrive de se soûler. Dans leur immeuble, le racisme ne dit pas son nom. Les problèmes de voisinage sont réglés comme par miracle par des inconnus. La lassitude gagne le couple. Qui manipule qui ?
Construction en flash-back
Avec Borgo, prix du jury à Reims Polar, Stéphane Demoustier (La Fille au bracelet) redonne du rose aux joues du polar carcéral grâce à ce portrait de femme volontaire qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et qui se retrouve plus ou moins malgré elle dans une combine mafieuse. Le personnage va de l’avant, balayant les doutes qui l’assaillent, petit taureau souriant et mystérieux. Une habile construction en flash-back tient en haleine. Un milieu est décrit, avec ses coutumes, ses menaces voilées, ses offres impossibles à refuser.
Le réalisateur évite la carte postale. «C’est pour un film», dit le tueur, après avoir rengainé son arme. Celui-ci ne rate pas sa cible. Comme sa Mélissa, qui a appris à tirer, Stéphane Demoustier sait viser juste. Normalement, l’avenir est à lui. E.N.
Le Figaro - le 28 janvier 2025
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« Borgo » : un polar carcéral à ciel ouvert qui doit beaucoup à Hafsia Herzi
Inspiré d’un fait divers, le film de Stéphane Demoustier est une immersion dans le milieu carcéral, porté par une remarquable Hafsia Herzi. Sur Canal+ et MyCanal.
« Borgo » : un polar carcéral à ciel ouvert, immersion dans le milieu carcéral sur Canal+ et MyCanal https://t.co/KXM36VpwZj
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Deux hommes se font tuer en plein jour à l’aéroport de Bastia. Avec pour principal indice les images des caméras de surveillance, l’enquête piétine, ce qui ne dérange pas outre mesure le commissaire (Michel Fau), qui classerait bien le dossier : les victimes appartenaient au grand banditisme corse. Melissa (Hafsia Herzi), de son côté, embauche pour son premier jour au centre pénitentiaire de Borgo.
Professionnelle au cuir épais, la jeune matonne vient de s’installer sur l’île de Beauté avec son mari, un menuisier au chômage, et leurs deux enfants. Elle découvre le fonctionnement très particulier d’un quartier de la prison exclusivement corse et surnommé « le Club Med » – « Là-bas, dit-on, ce sont les détenus qui surveillent les gardiens » – et retrouve Saveriu, un jeune taulard qu’elle a connu à Fleury- Mérogis.
L’art de donner sans rien laisser transparaître
Du croisement de ces deux fils narratifs qui finiront par se rejoindre, Stéphane Demoustier (« la Fille au bracelet ») tire le sel de son film, polar carcéral à ciel ouvert et beau portrait de femme trouble. Il s’inspire du double assassinat de 2017 à l’aéroport de Bastia-Poretta, dont l’une des suspectes, la surveillante de prison Cathy Sénéchal, a été jugée en mai 2024 et condamnée à 23 ans de réclusion criminelle.
Si Demoustier est parti des grandes lignes (le meurtre et la matonne), il a fictionnalisé tout le reste. Sa réussite ? Une passionnante énigme, et le choix de faire de Melissa notre porte d’entrée dans le film – on découvre à travers ses yeux le fonctionnement de Borgo, les techniques de manipulation de la pègre locale, la vie en cité quand on vient de la métropole. Qu’a-t-elle derrière la tête ? Est-elle totalement dépassée ? Parfaitement duplice ? Face au mystère humain, une caméra de surveillance ne peut rien.
Et face à Hafsia Herzi, on assiste à l’envol d’une actrice passée maîtresse dans l’art de donner sans rien laisser transparaître. Par sa détermination butée et sa détresse tue, Melissa n’est pas sans rappeler la Lydia qu’elle interprétait en 2023 dans « le Ravissement », autre femme opaque au comportement immoral. « Borgo » lui doit beaucoup.
◗ Mardi 28 janvier à 21h00 sur Canal+. Drame français de Stéphane Demoustier (2024). Avec Hafsia Herzi, Moussa Mansaly, Louis Memmy, Michel Fau. 1h58. (Disponible à la demande sur myCANAL).
Par Nicolas Schaller
nouvelobs.com - le 28 janvier 2025
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« Borgo » et "Le Royaume" nommés pour les César 2025
La Corse sera représentée lors de la 50e cérémonie des César, qui se déroulera le 28 février à l'Olympia à Paris. Le film « Borgo » de Stéphane Demoustier et celui de Julien Colonna, « Le Royaume», seront en lice dans trois catégories. En revanche, les deux acteurs corses présélectionnés n'ont pas été retenus.
« Borgo » et "Le Royaume" nommés pour les César 2025 prévus le 28 février à l’Olympia à Paris
— framafad paca corse (@WaechterJp) February 4, 2025
Pour Borgo, Hafsla Herzi, qui joue le rôle d'une surveillante de prison, est en lice pour le César de la meilleure actrice. @corsematin pic.twitter.com/6fLAbIegdf
Alexandre Ugolini et Lou-Anne Bujoli
La Corse sera représentée par deux films à la 50e cérémonie des César. Le long-métrage Borgo (2023) de Stéphane Demoustier et celui de Julien Colonna, le Royaume (2024), figurent parmi les oeuvres nommées par l’Académie des César. Le palmarès 2025 sera dévoilé le 28 février à l'Olympia à Paris.
Pour Borgo, Hafsla Herzi, qui joue le rôle d'une surveillante de prison, est en lice pour le César de la meilleure actrice. Le film de Stéphane Dernoustier est également présent dans la catégorie meilleur scénario original. Un scénario qu'il avait coécrit avec Pascal Garbarini, avocat corse ou barreau de Paris. Le film, qui s’inspire de l'enquête sur le double assassinat commis le 5 décembre 2017 devant l'aéroport de Bastia-Poretta, a été "particulièrement difficile à écrire; compte tenu de l'histoire que l'on voulait centrée sur la surveillante", explique Me Garbarin. Il se dit fier et très heureux de ces deux nominations, bien qu'il regrette que "Louis Memmi ne fasse plus partie de l'aventure des César même si avec son talent, les récompenses ne tarderont plus."
Rendez-vous le 28 février
"On attend avec passion mais aussi avec fébrilité le 28 février", souligne l'avocat coscénariste.
Borgo décrochera-t-il un César ?
"On y croit toujours évidemment, même si les autres nommés sont également de très grande qualité."
Corse-Matin le 31 janvier 2025