Les proches des personnes détenues titulaires d’un permis de visite sont des usagers du service public pénitentiaire. Par conséquent, l’administration pénitentiaire doit proposer des parloirs de qualité, d’autant que ces parloirs sont ! la porte d’entrée "de l’établis- sement pour ces usagers". C’est un enjeu essentiel pour nos publics, leurs proches et l’image de notre administration au sein de la société civile.
Un certain nombre de ces visiteurs sont mineurs (en- fants ou adolescents) et présentent des besoins particuliers. Les enfants peuvent visiter une personne détenue dans le cadre de parloirs ! classiques " avec un accompagnant de leur entourage, de parloirs médiatisés (en présence d’un tiers et, le plus souvent, dans des locaux de rencontre spécifiques) ou de parloirs sans surveillance directe, unités de vie familiale (UVF) ou parloirs familiaux (PF). Ce droit1 aux visites est une composante essentielle du maintien des liens familiaux, tout particulièrement pour les enfants des per- sonnes détenues. Sauf décision judiciaire spécifique, les personnes détenues conservent les droits et devoirs inhérents à l’exercice de l’autorité parentale sur leurs enfants.
Ces dernières années, des progrès notables ont été réalisés concernant les parloirs classiques qui correspondent aux parloirs du quotidien (destruction des murets, réhabilitation des parloirs dans des établissements anciens, développement de parloirs en cabines plus propices à l’intimité dans les nouvelles constructions que des parloirs multi-familles, amélioration des locaux d’attente des familles interne à l’établissement, possibilité d’entrer avec certains documents et objets2, etc.).
La consultation des services déconcentrés et du sec- teur associatif, les recommandations du Défenseur des droits3 ou du Conseil de l’Europe4 montrent que, si l’accueil en parloirs "classiques" des enfants s’est amélioré, il reste perfectible.
Accueillir au mieux ces enfants est une mission complexe. Elle doit être accomplie dans un environnement sécuritaire et, par des personnels ayant une importante charge de travail. La multiplicité des taches à gérer est souvent dense, notamment en maison d’ar- rêt où la fréquence des tours de parloirs peut être très élevée. Ce contexte amplifie la difficulté d’assurer une mission d’accueil de publics extérieurs, mission d’autant plus ardue qu’elle n’est pas le cœur de métier des personnels pénitentiaires.
Les personnels pénitentiaires ont une place clef dans le bon déroulement des rencontres enfants-personnes détenues aux parloirs. Par leur bonne application des règles de sécurité et des bonnes pratiques et postures professionnelles ils sont les garants du respect du cadre de ces visites. Ce cadre doit à la fois être pro- pice à la sécurité et l’intimité des rencontres.
Au regard des spécificités des postes en fort lien avec le public extérieur (porte d’entrée principale -PEP- et surtout parloirs) et des qualités particulières qu’ils requièrent (notamment pour communiquer et échanger avec des visiteurs mineurs), il est souhaitable, lorsque la situation en termes de ressources humaines le per- met, de procéder à un recrutement d’agents volon- taires. La pérennité d’une équipe parloirs facilite l’harmonisation et l’amélioration des pratiques et favorise la construction de relations apaisées avec les visiteurs. À tout le moins, il est nécessaire d’assurer cette stabilité par la présence d’un officier ou gradé fixe aux parloirs lorsque l’effectif de personnels le permet. Une attention toute particulière doit également être portée à la formation continue des personnels intervenant aux parloirs.
Les bénéficiaires directs de la rencontre ont également un rôle à jouer : la personne détenue visitée et ses visiteurs ont l’obligation de respecter le règlement intérieur des parloirs. Cela inclut notamment un comportement correct et respectueux des personnels.
Notes
1 Pour plus de précisions quant aux sources juridiques cf. annexe 9.
2 Biberon, tétine, doudou, documents liés à la vie familiale cf. circulaire du 20 février 2012 relative aux maintiens des liens extérieurs des personnes détenues par les visites et l’envoi ou la réception d’objets.
3 Décision 2019-114 en date du 19 juin 2019 adressée à la direction de l’administration pénitentiaire (DAP).
4 Recommandation CM/Rec(2018)5 du Comité des ministres aux États membres concernant les enfants de détenus (adoptée par le Comité des Ministres le 4 avril 2018, lors de la 1312e réunion des Délégués des Ministres).