Après une polémique sur des soins du visage sur des détenus, le ministre de la Justice a ordonné l’arrêt des activités « ludiques » en prison. Dans celles de la région, on a anticipé. Dans un communiqué commun, syndicats d’avocats, magistrats, de personnel de la pénitentiaire de Paca s’insurgent.
Des activités pour les détenus bien vite supprimées dans les prisons de la région, on a anticipé. Syndicats d’avocats, magistrats, de personnel de la pénitentiaire de Paca s’insurgent. @lamarsweb pic.twitter.com/OlpOyZdKla
— framafad paca corse (@WaechterJp) February 22, 2025
• Mireille Roubaud
Une polémique, une circulaire. Mais le flou reste total sur l’application de la mesure prise par Gérald Darmanin ordonnant la restriction des activités en prison à l’éducation, la langue française ou le sport. Le ministre de la Justice s’était offusqué lundi que des soins du visage soient prodigués aux détenus toulousains. De fait, il s’agissait pour des élèves esthéticiennes de se faire la main…
Après un petit rappel du code pénitentiaire indiquant que « les personnes placées sous mains de justice peuvent participer à des activités en détention, dès lors qu’elles ont pour finalité un objectif de réinsertion », le texte émis ce mercredi 19 février précise qu’« aucune de ces activités ne peut être ludique ou provocante». Deux adjectifs qui, outre la démarche ministérielle, ont passablement agacé le syndicat régional de la magistrature, des avocats de France (SAF) à Marseille, le Syndicat national de l’ensemble des personnels de l’administration pénitentiaire (Snepap) FSU Paca et la CGT Insertion probation Paca.
Des conséquences désastreuses
Dans un communiqué commun, ils dénoncent les « conséquences désastreuses» de cette décision et surtout la suppression de ces activités sans attendre les instructions, dans les établissements pénitentiaires de la région comme à Aix-Luynes. « Des gens ont perdu leur sang-froid en prenant des dispositions avant même le ministre de la Justice et ça change toutes les troisheures », s’indigne Olivier Caquineau, membre du Snepap FSU et conseiller pénitentiaire au sein de l’établissement. Il raconte l’annulation des autorisations de sorties pour entretenir une oliveraie à 100 mètres de la prison, tout comme des ateliers de sophrologie pour apprendre à gérer ses émotions et, par ricochet, prévenir les suicides.
S’inquiétant de potentielles montées de tensions et de violences entre détenus ou contre les personnels, les syndicats rappellent aussi l’indignité des conditions de détention avec un taux d’occupation qui atteint 199,67% aux Baumettes, 146% à Luynes, ou 120,8% à Toulon. « N’avoir aucun contact n’aide pas à réfléchir à ses actes, à préparer sa sortie » réagit Clara Ben Soussan, de la section marseillaise du SAF. Olivier Caquineau y voit également un manque de respect des partenaires avec qui des financements publics ont été engagés, mais aussi pour son travail. « On ne lutte pas contre la récidive en se contentant de mettre quelqu’un entre 4murs » estime le syndicaliste.
Contactée, la direction interrégionale de l’administration pénitentiaire n’a pas donné suite à nos demandes.
Mireille Roubaud
La Marseillaise - le 21 février 2025