"On est devenu une poubelle"

Des syndicats veulent alerter Gérald Darmanin, en visite à la maison centrale d'Arles

Après la prise d'otage de janvier dernier à la maison centrale d'Arles, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, se rend sur place, ce 14 février. Après avoir décoré les otages, il visitera l'établissement. Les syndicats, eux, souhaitent l'interpeller sur l'aspect sécuritaire.

Ce 14 février, le ministre de la Justice Gérald Darmanin se rend à la maison centrale d’Arles. Il va, dans un premier temps, décorer les agents pris en otage, le 3 janvier dernier. Après quoi il effectuera une visite de l’Unité sanitaire de l’établissement, ainsi que le quartier d’isolement. Il prendra également un temps pour échanger avec les équipes locales de sécurité pénitentiaire.

Pour rappel, le 3 janvier dernier, une prise d’otage a eu lieu à la maison centrale d’Arles, par un détenu, connu pour être instable et présentant des troubles psychiatriques importants. Il avait pris en otage un agent pénitentiaire, trois infirmières et un médecin psychiatre. Il les menaçait à l’aide d’une arme tranchante, confectionnée au sein de l’établissement.

"C’est plus comme avant"

Pour Eddino Wojak, secrétaire FO justice de la maison centrale d’Arles, si ces décorations sont appréciées, qu’elles sont "des récompenses" et synonymes de "mérite", il est important de souligner les manquements. Le syndicaliste tient avant tout à souligner que le traumatisme des otages est réel.

On vient travailler ce n’est pas pour se faire prendre en otage. Maintenant, on garde la peur et vient avec la boule au ventre.

Il dénonce le fait qu’à la maison centrale, "c’est plus comme avant". "Avant, on recevait vraiment des profils de maison centrale, de grand banditisme, des longues peines. Maintenant, c’est beaucoup de cas psy."

Il explique qu’en plus d’être en sous-effectif, même s’il s’estime chanceux en ayant un taux de couverture de 89 %, les agents ne sont surtout pas formés pour encadrer ce genre de détenus. "On est devenue une poubelle. Chaque fois, on reçoit que des cas psy. Mais on n’est ni infirmier, ni psychiatre. Et si on ne nous donne pas les moyens de formation, on ne peut pas gérer ça", détaille-t-il.

Formations et unités spécialisées

S’il assure réaliser son métier avec professionnalisme en respectant le code de déontologie, la méfiance est présente "à 200 %". "On ne sait jamais ce qui peut nous arriver". Il avoue avoir prévenu Sébastien Cauwel, directeur de l’administration pénitentiaire lors d’une visite en octobre dernier. "Je lui ai dit que si ça continuait, il allait y avoir des drames. Ça n’a pas manqué. Heureusement, le collègue a bien géré, et il n’y a pas eu de blessé. Mais pour eux, ça va rester à vie", regrette-t-il. Si certains détenus ont été transférés, comme dit Eddino Wojak : "on sait ce qu’on perd, mais pas ce qu’on gagne".

Il déplore le manque de moyens pour former les agents afin de prendre en charge les détenus ayant des troubles psychiatriques et demande la création d’unités spéciales pour les accueillir. "Qu’ils mettent des agents formés dédiés à une aile pour eux", lâche-t-il. Le ministre de la justice entendra ce signal d’alarme de la part des agents pénitentiaires de la maison centrale d’Arles ?

france3-regions.franceinfo.fr le 14 février 2025

PLAN DU SITE - © la FRAMAFAD PACA & CORSE- 2025 - Pour nous joindre