Les détenus narcotrafiquants isolés dans l'Orne ?

Gérald Darmanin, ministre de la Justice, souhaite isoler les cent plus gros narcotrafiquants dans une prison de haute sécurité. Celle de Condé-sur Sarthe est une bonne candidate.


« Les deux établissements qui ont un niveau de sécurité suffisant en France sont les prisons de Condé-sur-Sarthe, prés d'Alençon, dans l'Orne, et de Vendis-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais. » Ces mots sont ceux d'Emmanuel Guimaraes, responsable national de FO Justice. et ancien surveillant de la prison ornaise, en réaction au projet de Gérald Darmanin, ministre de la Justice, d'isoler les cent plus gros narcotrafiquants détenus en France. Car si rien n'est encre officiel, le scénario de choisir une prison comme celle de Condé-sur-Sarthe apparait comme très plausible. Et ce pour plusieurs raisons.


Une prison taillée pour les publics difficiles


L'idée est, comme l'a expliqué le ministre lui-même au micro de LCI, de prendre une prison française, de la vider de ses détenus et de la remplir des cent plus gros narcotrafiquants qui poursuivent leurs activités depuis leur cellule. Avec des agents pénitentiaires "formés et anonymisés". Sur le papier. le projet fait mouche auprès des syndicats. notamment Force ouvrière. « Ça colle avec nos réflexions- Il faut des établissements qui puissent accueillir des publics difficiles. »


La prison de Condé-sur-Sarthe est l'une d'elles. L'établissement. qui a accueilli ses premiers détenus en janvier 2013, est taillé pour un public difficile. La prison compte trois quartiers maisons centrales de quatre niveaux chacune avec dix-sept cellules par niveau. soit 249 places. Toutes individuelles. Les murs d'enceinte qui enserrent les bâtiments sont hauts de 8 à 12 mètres, alors qu'ils font ailleurs plutôt 6 m. Tout est sectorisé. les promenades sont échelonnées pour que les détenus des différents niveaux ne se croisent pas.


Sa jumelle, à Vendin-le-Vieil est bâtie de la même manière. "Mais la proximité géographique de Condé-sur-Sarthe avec Paris pourrait faire pencher la balance pour l’Orne", ajoute Emmanuel Guimaraes. L'expérience acquise au fil des années aussi. Le personnel sait ce que c'est que d'encadrer des publics difficiles. Les murs ont déjà abrité plusieurs détenus tristement célèbres : Youssoul Folana. Tony Meilhon ou encore Redoine Faid. La prison compte aussi un quartier de prise en charge de la radicalisation.


Pour Force ouvrière, dédier un établissement à l'accueil d'un public de détenus bien spécifique est une bonne solution. « Maintenant, si la prison de Condé-sur-Sarthe est retenue, où met-on les détenus qui y sont actuellement ? La dead line annoncée par le ministre - avant l'été - me parait compromise. » D'autres questions sont soulevées : quid "des renforts des services d'ordre de police et de gendarmerie locaux ? Car il est évident qu'accueillir un tel public va les impacter. Il y a une réflexion globale à mener", poursuit Emmanuel Cuimaraes.


L'autre solution pourrait être de construire une prison dédiée l'accueil des narcotrafiquants. Mais là, il faudrait que le ministre prenne son mal en patience. Un projet comme ça, c'est sept ans d’attente minimum, selon le syndicaliste de Force ouvrière. Et l'on sait que si tout le monde réclame des places de prison, personne n'en veut chez lui. La majorité des élus préfèrent que ça ne soit pas sur leur circonscription.

Delphine LE NORMAN

OUEST-FRANCE le 14 janvier 2025

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