La Halte Vincent œuvre depuis 40 ans à la prison de Luynes, pour accueillir le plus dignement possible les familles en attente de parloir.
La Halte Vincent, passerelle entre la prison et l’extérieur. L’asso œuvre depuis 40 ans à la prison de Luynes, pour accueillir le plus dignement possible les familles en attente de parloir. @laprovence pic.twitter.com/GP14y4ezCT
— framafad paca corse (@WaechterJp) October 12, 2024
• Bettina MAITROT
Dans l’austérité d’une enceinte de prison aux murs froids et grillagés, là même où les enfants n’ont pas leur place, les visites se révèlent souvent éprouvantes pour les familles. D’autant plus lorsqu’il s’agit d’une première fois…
Au centre pénitentiaire de Luynes, une prison d’hommes, les visites au parloir comptent essentiellement des femmes et des enfants, parfois perdus, ne sachant pas vraiment par quel bout commencer entre la paperasse, les affaires autorisées ou non à mettre dans le sac de linges et même, tout simplement, quelles démarches entamer pour obtenir un parloir. Des démarches d’autant plus compliquées à réaliser si ces personnes ne parlent pas français et, parfois, ne savent même pas lire et écrire. L’incarcération affecte toute une famille.
Trois parloirs le matin, quatre l’après-midi
Maintenir un lien avec ses proches reste un droit pour n’importe quel détenu. La Halte Vincent œuvre depuis 40 ans à la prison de Luynes, pour accueillir le plus dignement possible ces familles, essentiellement des épouses et des enfants de détenus.
Forte de 25 bénévoles, composée surtout de retraitées, elle avait vu le jour alors que des femmes s’étonnaient de ces personnes attendant à la porte de l’ancienne prison du centre-ville, aujourd’hui palais Montclar, quelle que soit la météo. "On s’occupe de l’accueil des familles pour les détenus avant le parloir. On les accueille, on essaye de les réconforter, de leur apporter un peu de présence et de bien-être. On est là pour leur donner des renseignements pratiques, les papiers à fournir, les listes de linge à respecter, les horaires etc., rapporte Marie-Noëlle Butignot, présidente de l’association.
Les bénévoles sont présentes tous les jours, du mardi au samedi de 7h30 à 18h, toute l’année, été compris, dans leur petit local mis à disposition par l’administration pénitentiaire au moment du déménagement de la prison du centre-ville à Luynes. Jusqu’à deux adultes et deux ou trois enfants peuvent pénétrer dans un parloir, qui se déroule à Luynes de manière très encadrée : trois le matin, quatre l’après-midi. Les condamnés disposent d’un parloir par semaine, les prévenus, en attente de jugement, trois par semaine. "On a mis en place un coin enfant où l’on fait des ateliers jeux, car il y a beaucoup d’attente pour un parloir. On a créé une ludothèque pour que l’enfant puisse jouer. Des boissons, des goûters sont offerts et on organise des fêtes, pour Noël, Pâques etc.", poursuit Christiane Gryet, vice-présidente de la Halte Vincent.
Les familles sont souvent perdues, certaines arrivent pour la première fois dans ce monde à part qu’est le milieu carcéral.„
Une oreille attentive
Un peu comme une éponge absorbant les pleurs, une épaule déversoir à confidence, les bénévoles tiennent aussi un rôle d’oreille attentive.
"Pour toutes ces familles, c’est un peu la double peine. On est une passerelle entre la prison et le monde extérieur. Les familles sont souvent perdues, certaines arrivent pour la première fois dans ce monde à part qu’est le milieu carcéral. Il suffit d’un sourire pour les accueillir et si elles ont envie de parler, on les écoute", ajoute Marie-Noëlle Butignot. L’association travaille avec le Groupement local concertation prison, comprenant la Croix-Rouge, les aumôneries protestantes et catholiques, les visiteurs de prisons (lire ci-dessous) etc. "Ça nous fait un peu plus de poids", sourit la présidente de la Halte Vincent. "Ils font beaucoup de choses pour les détenus et nous essayons, avec le barreau, d’entretenir les liens avec ces associations. Il s’agit d’une aide précieuse pour les détenus. Les conditions de détention sont extrêmement difficiles actuellement avec la surpopulation carcérale qui fait qu’il y a moins de surveillants. Pour accéder aux parloirs, c’est ainsi beaucoup plus long et compliqué", commente de son côté la bâtonnière du barreau d’Aix Monika Mahy-Ma-Somga, venue spécialement pour la soirée organisée en l’honneur des 40 ans de la Halte Vincent.
Halte Vincent 13, Le Ligourès- place Romée de Villeneuve à Aix. 04 42 97 05 76.
La Provence - le 8 octobre 2024