En raison d'une baisse des subventions publiques, l'Observatoire international des prisons redoute que son activité ne se réduise fortement. L'association lance un appel d'urgence aux dons.
L’Observatoire des prisons craint pour son avenir en raison d'une baisse des subventions publiques, son activité risque de se réduire fortement. L'association lance un appel d'urgence aux dons. @OUEST-FRANCE pic.twitter.com/HmT7xrxMMq
— framafad paca corse (@WaechterJp) March 26, 2024
L'avenir de l'Observatoire international des prisons (OIP), qui alerte sur la situation carcérale en France, est-il menacé ? «Il y à, en tout cas, un risque d'une réduction assez forte de nos activités, voire davantage », ne cache pas Jean-Claude Mas. le directeur général de cette association crée en 1996. En cause : le manque de financement, « En dix ans, nous avons perdu 67 % des subventions publiques , poursuit, alors que l’OIP affiche un budget annuel de 771.000 € et compte onze salariés.
La dernière instance publique à s'être désistée est le Comté interministériel de prévention de la délinquance (CIPDR) qui, en 2022, n’a pas accordé une subvention de 30 000 €, sans explication. Et en 2023, il nous a indiqué que ses priorités avaient changé », déplore Jean-Claude Mas. Un CIPDR, dont la Cour des comptes vient de vivement critiquer les « graves insuffisances [..] dans la gouvernance du comité ».
« Ne rien lâcher »
Depuis plus de vingt-cing ans, l’Observatoire remplit plusieurs missions. Il renseigne les personnes détenues et leurs proches sur leurs droits lors de permanences : plus de 4 500 sollicitations chaque année. Il excite un guide enseignant le détenu et sa famille sur tous les aspects de la détention (les droits de visite, la première journée en prison, la cantine, la religion... Le dernier guide, édité à six mille exemplaires, est distribué gratuitement à ceux qui en font la demande.
Et bien sûr, l'OIP alerte au travers de communiqués et de dossiers sur la surpopulation carcérale, le suicide en prison, l'insalubrité de certains établissements pénitentiaires. Mais aussi en rédigeant des rapports sur les sanctions disciplinaires dont font l'objet les prisonniers, leur accès aux soins rendu « compliqué, voire impossible ». Sans oublier les actions que l'association intente en justice pour dénoncer, en décembre 2023 par exemple, l’indignité des conditions de détention à la prison de Grenoble-Varces (Isère). Faut-il voir un lien de cause à effet entre ses actions et la baisse de subventions publiques ? « C'est difficile de ne pas le penser…
Pour autant, dans ce contexte de forte surpopulation carcérale (près de 77 000 personnes incarcérées en février pour moins de 62 000 places), il est important de ne rien lâcher », insiste Jean-Claude Mas.
Pierrick BAUDAIS.
(En 2019, lors d'un premier appel d'urgence aux dons, l’OIP avait recueilli 200 000 € Il espère en recueillir au moins autant.
OUEST-FRANCE le 21 mars 2024