Produit par « Présence protestante » et « Le jour du Seigneur », le documentaire La Visite diffusé sur France 2 nous fait suivre le quotidien de cinq aumôniers de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), plus grand centre pénitentiaire d’Europe.
La Visite
Dimanche à 10 heures sur France 2 et en replay
Prison : sur France 2, une immersion dans le quotidien des aumôniers
— framafad paca corse (@WaechterJp) September 7, 2024
le documentaire La Visite nous fait suivre le quotidien de cinq aumôniers de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), plus grand centre pénitentiaire d’Europe (en replay) @LaCroix pic.twitter.com/hdKHm6O55t
Ils s’appellent Benoît, Patricia ou Louis. Ils sont catholiques ou protestants, hommes ou femmes, religieux ou laïques. Et sont au cœur de La Visite. Dans ce documentaire, produit par « Présence protestante » et « Le jour du Seigneur », la réalisatrice Élodie Buzuel nous propose de découvrir le quotidien de cinq aumôniers de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), plus grand centre pénitentiaire d’Europe, à 30 km de Paris.
Dans cet univers carcéral, où la solitude est omniprésente, les détenus sont en proie à une grande misère spirituelle et doivent parfois attendre des semaines avant de réussir à avoir une visite d’aumônerie. En effet, en France, on compte seulement 1 660 aumôniers des prisons pour 77 000 personnes détenues. C’est ce moment intime de la visite sur lequel Élodie Buzuel a choisi de se concentrer. Pour cela, elle a filmé plus de 30 cellules de l’intérieur, 30 dialogues entre les détenus et leurs aumôniers, des moments de prière, de doute et de partage.
« Tout écouter, même les larmes »
À mi-chemin avec le psychologue, les aumôniers sont là pour « tout écouter, même les larmes ». Et face à la caméra d’Élodie Buzuel, ils s’interrogent sur le sens de leur mission. Comment être dans la juste distance ? Comment accompagner sans juger ? Patricia, aumônière protestante depuis onze ans, évoque avec émotion la fois où elle a arrêté de rendre visite à une détenue après avoir appris la raison de son incarcération. La même qui raconte comment elle a appris l’espagnol pour mieux communiquer avec les personnes qu’elle accompagne, des femmes d’Amérique du Sud incarcérées, pour la plupart, pour trafic de drogue, pour la plupart.
La Visite dresse un portrait réel et vivant de ces bénévoles de l’ombre dont on connaît peu le travail. Tout en douceur, le film aborde des thèmes transversaux comme le pardon ou la responsabilité et se pose une question de fond : est-ce que les détenus accompagnés peuvent ressortir meilleur ? Benoît, franciscain et aumônier depuis seize ans, lui, espère de tout cœur « ces nouvelles vies ».
LA CROIX - le 30 août 2024
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Un témoignage sur les aumôniers de la prison de Fleury-Mérogis.
La prison est un thème inépuisable pour l’industrie cinématographique : entre drames psychologiques, enquêtes policières, récits biographiques et même comédies romantiques, chacune et chacun y trouve son compte. La réalité de la vie en prison est bien loin de ces clichés les plus variés, qui donnent une image complètement faussée des détenus, de leurs quotidiens et de leurs sentiments. Le film « La Visite » de la réalisatrice Elodie Buzuel vient apporter un regard neuf et réaliste sur le quotidien de la détention, au travers des témoignages de plusieurs aumôniers qui interviennent dans la prison de Fleury-Mérogis. Située à 30 km de Paris, elle est le plus grand centre pénitentiaire d’Europe avec 4 000 personnes. Sans aucun artifice ni aucun préjugé, la réalisatrice entre-coupe des scènes d’entretiens dans les cellules des détenus avec les interviews des aumôniers qui les rencontrent. Le film s’attarde sur les visages des personnes : les aumôniers, mais aussi les surveillants, et quelques rares détenus qui ont accepté de témoigner à visage découvert. Bien plus qu’un reportage, ce film est une confession collective, profondément humaine et pudique.
Dans cet univers de béton, les aumôniers des prisons font figures de véritables phares dans la nuit pour ceux qui les demandent. En France en 2024, on compte 1 660 aumôniers des prisons diplômés et agréés pour 77 000 personnes détenues. Au sein des maisons d’arrêt de Fleury-Mérogis, les conditions de détention ne sont ni mieux ni pires qu’ailleurs. La détresse est immense en prison, et le taux de suicide est six fois plus élevé que dans la population générale. Ici, enfermées 22 heures sur 24, les personnes détenues sont souvent deux par cellule et sortent rarement de celles-ci en dehors des deux heures de promenade réglementaire quotidienne. À leur demande, elles peuvent recevoir la visite d’un aumônier. Une visite juste pour parler, pour partager le silence, pour chercher un peu de normalité, une visite unique pour décharger sa peine, ou régulière pour aider à trouver sa propre issue.
Christine, Gérard, Benoît, Patricia et Louis font partie de la vingtaine d’aumôniers de toute tradition visitant Fleury-Mérogis. Eux sont catholiques et protestants, laïques ou religieux, et viennent en moyenne deux fois par semaine. Comme tous les aumôniers, ils ont passé un diplôme universitaire pour visiter les personnes détenues des bâtiments hommes ou femmes dans leur cellule. En suivant le quotidien de leurs visites auprès de Jimmy, William, Paola, Eliott, Damien, Christian, Dennys, Anyeris, Pedro, Myrlande, dit Mimi, et sa codétenue Tuyet, le film capte leurs échanges sur la faute, la culpabilité, le déni, le pardon, la reconstruction, des questionnements qui nous interrogent immanquablement sur le sens de la peine. Pour certains débute pour la première fois de leur vie un chemin intérieur fait de remises en question. En suivant les visites quotidiennes des aumôniers, le film tente de comprendre leurs liens et interroge : ces femmes et hommes peuvent-ils sortir meilleurs ?
https://blog.regardsprotestants.com/jap/la-visite-un-film-delodie-buzuel/
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LES AUMÔNIERS DE PRISON OUVRENT UN CHEMIN DE LIBERTÉ.
• Stéphane Hoffmann
Deux femmes, trois hommes. Tous aumôniers : cinq qui témoignent sur les vingt qui exercent à Fleury-Mérogis pour 4 000 détenus. Dans tout le pays, pour 77 000 prisonniers, ils sont 1660, et représentant toutes les croyances. Leur rôle ? Défini par la loi de 1905, c’est d’assurer le libre exercice d’un culte et un soutien spirituel. En un mot : écouter, accompagner. « Je ne suis ni juge, ni policier, ni aide à insertion, dit frère Benoît. Ce qu’ils ont fait ne m’intéresse pas. J’essaie d’être en contact avec ce que mon interlocuteur a de meilleur. » Parfois, l’acte commis et l’attitude du prisonnier sont insupportables, et l’aumônier cesse toute relation. « Il faut garder une juste distance, dit Christine : n’être ni trop proche ni trop lointain. »
Mais la détresse est, en prison, intense, et le taux de suicide six fois plus élevé que dehors. Auprès des aumôniers, les détenus parlent, pleurent, craquent. « Elles sont belles, vos larmes », remarque l’un d’eux.
Les prisonniers apprennent la patience. Soit ils sombrent, soit ils renaissent. Ils demandent des bibles, des chapelets, des sacrements. Dans ce désespoir, une douceur passe et une grâce qui fait du bien.
La réalisatrice, Élodie Buzuel, filme avec tact et délicatesse, surprend des regards, laisse leur chance au silence et à l’émotion. Les aumôniers ne la ramènent pas. Ce film fait comprendre que, même en prison, c’est au fond de soi-même qu’on trouve le chemin vers la liberté. Et avec l’aide de Dieu.
Le Figaro magazine - 30 août 2024
Heureux ceux qui visitent les prisonniers
Retour sur le documentaire "La Visite".
«C’est pas une vie ici!» L’incarcération est aujourd’hui devenue la réponse globale de la société à la transgression de la loi. Une réponse qui est à la fois une façon de punir et une manière de protéger les victimes de leurs agresseurs, quels qu’ils soient.
En France, grâce à la loi sur la laïcité de 1905, les prisonniers ont la possibilité de demander le passage d’un aumônier à la maison d’arrêt, parmi une dizaine de propositions. Ce documentaire propose donc de suivre cinq aumôniers (trois catholiques et deux protestants) dans leur quotidien de service à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, le plus grand centre pénitentiaire de France et d’Europe. Selon le résumé en ligne, le documentaire de cinquante-huit minutes «tente de comprendre [les] liens [entre détenus et aumôniers] et interroge sur le sens de la peine. Ces hommes et femmes peuvent-ils sortir meilleurs qu’ils ne sont rentrés?»
Un manque de lien redoutable
Pour ces personnes qui s’engagent auprès de ces âmes en souffrance, le plus important est de trouver la bonne distance en même temps qu’une écoute active. L’essence de leur présence n’est pas d’amener les prisonniers à une meilleure réinsertion – comme pour la justice restaurative –, mais de les accompagner dans leur pratique de la foi.
La chaîne télévisée France 2 diffusera «La Visite» d’Elodie Buzuel le 1er septembre à 10h, ouvrant une fenêtre sur ce monde carcéral et soulignant le besoin en «ouvriers». En France, en 2024, on compte 1660 aumôniers des prisons diplômés et agréés pour 77 000 personnes détenues et une portion congrue pour les maisons d’arrêt pour femmes.