Loire : à la prison pour femmes de Roanne, un nouveau quartier pour prévenir la radicalisation des détenues

À Roanne, dans la Loire, un quartier de prise en charge de détenues radicalisées entre en service à la fin du mois de janvier, au centre de détention. Après celui de la prison de Rennes, c'est seulement le deuxième lieu du genre en France, alors que la menace terroriste reste très élevée en France.


C'est au rez-de-chaussée que ce nouveau QPR femmes a été installé. Au centre de détention de Roanne, ce Quartier de Prévention de la Radicalisation est à l'écart du reste de la prison, étanche même. Il s'organise autour d'une bibliothèque, d'une cour de promenade et d'une salle de sport dédiées. Pour les détenues incarcérées ici, il n'y a aucun contact possible avec les autres détenus, hommes ou femmes. Pour l'instant, le rodage est encore en cours, les premières détenues radicalisées, quatorze en tout, n'arriveront que progressivement ces prochaines semaines.

Elles pourront rester là pour six mois, renouvelables. Qui sont-elles ? Pour certaines, elles ont déjà été condamnées pour des faits de terrorisme, ont vécu sous Daech en zone irako syrienne, tandis que d'autres attendent encore leur jugement. Beaucoup étaient jusque là en détention classique, ailleurs en France, souvent à l'isolement.

Une évaluation permanente

La directrice de la prison de Roanne, Sylvie Marion, explique la prise en charge d'une détenue pour ce quartier bien particulier. "Il y aura une phase d'observation de quinze jours avec beaucoup d'entretiens individuels. Ensuite, en fonction de l'évaluation, la prisonnière est affectée dans un groupe interne avec qui elle pourra faire des activités collectives par la suite."

Comme dans le premier quartier du genre, inauguré il y a deux ans à Rennes, la prise en charge se fera avec des conseillers d'insertions et éducateurs spécialisés, des psychologues, des professeurs d'histoire, de géopolitique et des islamologues. Le but ? Aider ces femmes à distinguer de qui relève de l'islam, de ce qui relève de l'idéologie terroriste.

Une quinzaine de surveillantes, volontaires et formées à l'accueil spécifique de ces détenues, sont détachées pour les encadrer. L'évaluation de ces détenues sera permanente, pour suivre leur évolution.

Menace terroriste très élevée

C'est seulement le deuxième lieu du genre en France, alors que plusieurs dizaines de femmes ont été rapatriées de Syrie en 2023 et que de plus en plus de détenus, condamnés pour terrorisme dans les années 2010, sortent de prison. En France, la menace terroriste reste très élevée. En fin d'année, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait appelé les préfets au "maintien d'une extrême vigilance" à l'occasion des fêtes de Noël et de l'Épiphanie, en raison du "niveau très élevé de la menace terroriste qui continue de peser ».

Plus d'un million d'euros de travaux ont été investi pour adapter le site et mettre en place ce dispositif. Les détenues seront en vase clos dans une unité étanche visuellement mais aussi d'un point de vue sonore. La surveillance sera renforcée avec des fouilles de cellules chaque semaine. Des cellules qui restent classiques : toutes individuelles avec un lit simple, une télévision, un téléphone, un réfrigérateur, un rangement et un espace douche avec toilette.

Aucun autre centre QPR pour femme n'est pour l'instant envisagé pour cette année. Celui de Rennes va être agrandi pour accueillir 29 détenues d'ici la fin d’année.

France Bleu - le 12 janvier 2024

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