Des rapports d’incident de plus en plus nombreux, une surpopulation (actuellement à 180 %) ancrée de longue date et des surveillants en sous-effectif : les étés se suivent et se ressemblent dans l’établissement pénitentiaire aveyronnais.
Prison : des revendications après un été 2024 jugé « chaud »
— framafad paca corse (@WaechterJp) September 27, 2024
Des rapports d’incident de plus en plus nombreux, une surpopulation (actuellement à 180 %) ancrée de longue date et des surveillants en sous-effectif en Aveyron @CPAveyron pic.twitter.com/hjIus4KBex
Si la situation évolue à la maison d’arrêt de Rodez, c’est sans conteste… dans la mauvaise direction. Le récent bilan dressé par le syndicat Ufap-Unsa Justice fait état, actuellement, d’un taux d’occupation des lieux de 180%. «Soit 180 détenus pour un établissement de 100 places», précise le secrétaire local du syndicat Alexandre Vidal-Montes.
La situation n’est pas nouvelle mais, avec 180 détenus, la maison d’arrêt est proche de son record d’occupation. Avec pour conséquence l’installation de matelas au sol (une trentaine actuellement), ce qui contraint les équipes à installer jusqu’à trois détenus dans des cellules, à l’origine, individuelles et d’une superficie de 9m2.
Quatre-vingts comptes rendus d’incidents au long de l’été
«La situation est compliquée. Pour les détenus, promiscuité, hygiène (même si particulièrement à Rodez c’est plutôt propre), tension entre les détenus, incidents, bagarres… Pour les personnels: charge de travail doublée, gestion des tensions, interventions, moins de temps à consacrer au suivi individuel et à la réinsertion des détenus», résume le syndicaliste, lui-même surveillant pénitentiaire.
Comme de tradition dans les lieux de privation de liberté, l’été est une période agitée et celui-ci n’a pas fait exception à la règle (lire par ailleurs). Au début du mois d’août, une rixe a eu lieu entre détenus dans la cour de promenade. «Bilan: un blessé grave, malgré l’intervention rapide des personnels», raconte Alexandre Vidal-Montes. Sur la période de l’été, 80 comptes rendus d’intervention (insulte, dégradation de cellule, bagarre,etc.) ont été rédigés par les équipes pénitentiaires envers des détenus pour raisons disciplinaires.
Pour ne rien arranger à cette situation décrite comme «difficile» par le syndicaliste se pose un lourd problème d’effectif. «En 2024, quatre surveillants sont partis à la retraite et, en 2025, au moins cinq sont prévus».
Surveillants pénitentiaires: une relève qui se fait attendre
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Surveillants pénitentiaires: une relève qui se fait attendre
Moins de surveillants pour davantage de détenus, une équation qui ne convient pas du tout à l’Ufap-Unsa justice, qui a alerté le directeur interrégional sur cette situation et demande l’arrivée de huit nouveaux surveillants. Ils sont actuellement 51, soit un déficit de six postes selon le syndicaliste.
«Ça a été un été plus difficile que le précédent… de plus en plus de délinquants sans respect, de cas psychiatriques», résume-t-il, demandant notamment un renforcement de l’usage de visio-conférences pour les audiences entre juges et détenus (qui ont nécessité 216 extractions depuis le 1erjanvier). Dans ce contexte délicat, qui touche l’ensemble des établissements pénitentiaires du pays, le syndicaliste se félicite «du travail» fait par la direction locale (qui n’a pas souhaité s’exprimer sur ces sujets, renvoyant à la cellule communication régionale, NDLR). «Elle nous soutient et essaye de mettre des choses en place face à ces problèmes».
Au chapitre des bonnes nouvelles, la création d’une équipe dédiée aux seules extractions. Elle sera composée de sept agents (pour autant de créations de postes) et entrera en service en octobre.
xavier buisson
Centre Presse, le 26 septembre 2024