ALERTE. Des surveillants pénitentiaires interpellent le garde des Sceaux sur le fonctionnement du Centre national d’évaluation de la radicalisation (CNER), dans une lettre qu’a pu consulter le JDD.
Islamisme : un centre d'évaluation désespérément vide
— framafad paca corse (@WaechterJp) April 5, 2024
Des surveillants pénitentiaires interpellent le garde des Sceaux sur le fonctionnement du Centre national d’évaluation de la radicalisation (CNER), dans une lettre qu’a pu consulter le JDD. https://t.co/MsXupvTzJY pic.twitter.com/tIzkF6vFgg
C’est un courrier de deux pages, clair et concis, que recevra sur son bureau ces jours prochains Éric Dupond-Moretti. Un cri d’alerte lancé par le syndicat majoritaire FO sur le fonctionnement du Centre national d’évaluation de la radicalisation (CNER) situé dans le centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais.
Le CNER était au cœur du dispositif de prévention de la récidive terroriste mis en place par le garde des Sceaux, dont la circulaire d’application du 4 avril 2022 indique que la « saisie est faite par le procureur de la République antiterroriste » afin d’évaluer la dangerosité et la capacité de réinsertion des détenus condamnés pour faits de terrorisme avant leur sortie de prison. Le texte précise également que l’admission revêt « un caractère obligatoire » pour le public visé par la mesure judiciaire. Mais, dans les faits, rien ne semble se passer comme la loi l’a prévu pour ce dispositif censé compléter l’évaluation effectuée durant seize mois lors de la période d’emprisonnement des détenus dans les quartiers d’évaluation de la radicalisation, qui elle, fonctionne correctement.
« Nous sommes atterrés de constater que le centre flambant neuf reste quasi vide. En deux ans depuis son ouverture en mars 2022, seulement onze détenus sont venus ! Nous devrions en avoir entre huit et douze par session de seize semaines ! » explique au JDD l’un des surveillants du CNER, qui déplore « que la moitié d’entre eux ait refusé cette évaluation à leur arrivée ».
« En France, nous ne forçons pas un détenu qui ne veut pas se soumettre à l’évaluation »
Quid du caractère obligatoire ? Sur le terrain, il n’existe pas : « En France, contrairement à d’autres pays où cela entraîne un rallongement de la peine, nous ne forçons pas un détenu qui ne veut pas se soumettre à l’évaluation », nous explique-t-on du côté du syndicat FO Justice.
Outre le refus des prisonniers, le CNER serait en réalité peu sollicité. « Il est nécessaire que le procureur ordonne le transfert, mais, dans les faits, nous recevons peu de dossiers. On ignore pourquoi, on constate que le nombre de détenus concernés pour faits de terrorisme est exponentiel, et que ces derniers ressortent à l’issue de leur peine sans passer par l’évaluation. » Et d’insister : « Nous avons été formés à grands frais aux côtés d’éducateurs, de psychologues et de médiateurs des faits religieux. Le centre, avec ses salles et terrains de sport, reste désert, alors que les prisons sont pleines à craquer ! » La balle est désormais dans le camp du garde des Sceaux.