Le pape célèbre le Jeudi Saint dans une prison.
Il lave les pieds des femmes détenues lors de la messe
Ce jeudi 28 mars 2024, le pape François se rendra dans la prison pour femmes de Rebibbia, à Rome, pour célébrer la messe du Jeudi Saint. À cette occasion, il rencontrera des détenues et des membres du personnel de la prison. Depuis le début de son pontificat, le Saint-Père se rend chaque Jeudi Saint dans un endroit où vivent des personnes marginalisées de la société : des centres pénitenciers, mais aussi de réfugiés, des structures d’accueil et de soins pour les malades ou les jeunes en détresse. Une démarche qu’il faisait déjà lorsqu’il était archevêque de Buenos Aires. L’établissement pénitentiaire pour femmes de Rebibbia est un des plus grands d’Europe.
Lors du Jeudi Saint en 2015, le centre avait déjà accueilli le pape, qui avait célébré la messe de la Sainte Cène avec les plus de 300 détenus et travailleurs. « Aujourd’hui, je laverai les pieds de douze d’entre vous », avait-il dit aux détenus en 2015 dans la même prison, « mais à travers ces frères et sœurs, c’est vous tous, tous, tous. Tous ceux qui habitent ici. Vous les représentez. Mais moi aussi, j’ai besoin d’être lavé par le Seigneur et priez pour cela pendant cette messe, pour que le Seigneur lave aussi toutes mes impuretés, afin que je devienne plus esclave que vous, plus esclave au service des personnes, comme l’a été Jésus. » En cette commémoration du dernier repas de Jésus avec ses disciples, le Saint-Père sera donc l’humble serviteur, « l’esclave » à l’image du Christ. Il lavera lui-même les pieds de douze détenues de différentes nationalités. Dans un mois, le 28 avril prochain, le pape François sera à Venise pour une visite pastorale. Il ira sur l’île de la Giudecca, dans une autre prison qui accueille 80 femmes.
Dans la prison de Rebibbia, dans le nord-est de Rome, 12 femmes ont pris place sur une estrade. En jean et en jogging, assises sur des tabourets de bois sombre, elles ont enlevé leurs chaussures. Désormais, les pieds nus sont posés sur les baskets blanches. En contrebas, un prêtre vêtu de blanc s’avance, en fauteuil roulant.
Le pape François dans une prison pour femmes : « Le Seigneur nous attend toujours les bras ouverts » https://t.co/oe1ZHWciSN
— framafad paca corse (@WaechterJp) March 30, 2024
C’est le pape François qui est là, et leur lave une à une les pieds, puis incline la tête pour les embrasser, en souvenir de l’épisode de l’Évangile selon lequel le Christ lava les pieds de ses disciples, au cours de son dernier repas. Comme il en a l’habitude, le pape a célébré, jeudi 28 mars, la messe « in Coena Domini » du Jeudi saint, dans une prison romaine.
Face aux 200 personnes qui assistaient à la messe, essentiellement des détenues, François a improvisé une homélie simple dans laquelle il a délivré un message d’encouragement, selon des termes souvent utilisés. « Jésus ne se lasse jamais de pardonner », a-t-il insisté, après avoir évoqué la figure de Judas, qui a, a-t-il rappelé, trahi le Christ pour « de l’argent, par égoïsme ». « C’est nous qui nous fatiguons de demander le pardon », a-t-il souligné, avant de poursuivre : « Le Seigneur nous attend toujours les bras ouverts et ne se lasse pas de pardonner. »
Messe très dépouillée
Dès son arrivée sur le terrain de sport de la prison, où vivent 360 détenues de 18 à 75 ans, et un petit garçon de 3 ans avec sa mère, auquel François a offert un œuf de Pâques en chocolat à la fin de la messe, le pape a été ovationné. Pendant une dizaine de minutes, il a circulé en fauteuil roulant dans les allées, saluant les détenues qui embrassaient ses mains ou son vêtement, alors que les agentes de la police pénitentiaire se plaçaient une à une au garde-à-vous.
À l’issue de cette messe très dépouillée, à l’image de celle que François affectionne, le pape a pris le temps de saluer quelques détenues personnellement, et a offert un tableau de la Vierge en souvenir de son passage, recevant à son tour plusieurs présents.
Contre « l’hypocrisie cléricale »
Dans la matinée, devant 1 500 prêtres de Rome, réunis dans la basilique Saint-Pierre, il avait appelé ceux qui l’écoutaient à « la persévérance dans la miséricorde », en particulier pour « ceux qui sont loin » de l’Église. Brossant une sorte de portrait-robot des hommes ayant choisi de consacrer leur vie à l’Église et à Dieu, François a tonné contre « l’hypocrisie cléricale ».
Il a, à l’inverse, loué la capacité des membres du clergé à « pleurer sur eux-mêmes », non pas en raison de déceptions ou d’inquiétudes, mais par regret « d’avoir attristé Dieu avec le péché ». C’est cette capacité à la « componction », dont François a vanté les mérites, que le pape a présentée comme un « antidote » à « la dureté du cœur, tant dénoncée par Jésus ». « Le cœur, en effet, sans repentir et sans pleurs, se raidit », a-t-il développé.
« Chers frères, à nous, ses pasteurs, le Seigneur ne demande pas de jugements méprisants à l’endroit de ceux qui ne croient pas, mais de l’amour et des larmes pour ceux qui sont loin », a-t-il insisté, mettant en garde son clergé contre toute « perspective d’immédiateté », qui irait selon lui toujours de pair avec la tentation de l’impuissance, la perte de l’enthousiasme et la tentation de « baisser les bras ».
Programme chargé
Au contraire, le pape a invité les prêtres, qu’il a remerciés pour « la merveille de la miséricorde » apportée aux fidèles, à faire preuve de « solidarité ». Avec le temps, a-t-il dit, « la tendance naturelle à être indulgent avec soi-même et inflexible avec les autres s’inverse et, par la grâce de Dieu, on devient ferme avec soi-même et miséricordieux avec les autres ». « Ce n’est pas de la poésie, c’est le sacerdoce ! »
François, qui n’a laissé apparaître aucun signe de faiblesse ou de fatigue au cours de la journée, doit présider vendredi 29 mars après-midi l’office de la Passion, puis le chemin de croix, prévu à 21 h 15 au Colisée. Le lendemain, il devrait présider la veillée pascale, ainsi que la messe de Pâques, dimanche 31 au matin. À 12 heures, il est prévu qu’il prononce la traditionnelle bénédiction urbi et orbi, sur la ville et sur le monde, depuis le fameux balcon situé sur la façade de la basilique Saint-Pierre.