Le septième art se met au service de la réinsertion post-carcérale


« Pulsation » est un long-métrage écrit et réalisé par Sébastien L. Roussin. Une production cinématographique indépendante, qui comporte une spécificité de taille : l'intrigue a été imaginée par des détenus de la prison de Borgo.

Oui, je pense que mon avenir peut suivre cette voie. En tout cas, j'ai envie d'y croire. La réinsertion post-carcérale par le septième art, c'est le chemin que devraient très probablement suivre Alain et Valentine, deux anciens détenus. Durant leur incarcération, ils ont tous deux participé à Pulsation, un film indépendant écrit et réalisé par Sébastien L. Roussin, et présenté hier au cinéma Le Studio à Bastia.


L'originalité de cette production cinématographique ? Une intrigue entièrement imaginée par des prisonniers du centre pénitentiaire de Borgo. Plusieurs mois durant, Alain, Jean-Marie, Ghjilormu, Julien ou Jean-Paul ont planché sur ce long-métrage  de 71 minutes. Au total, ils sont douze à s'être investis dans cette aventure artistique.


«J'ai envie de tourner des films »

Une toute première en France, qui a suscité des vocations. « Ce fut une expérience inoubliable, je ne regrette vraiment pas ce projet, poursuit Alain. Le fait d'être confronté à des caméras, ça m'a permis de sortir de ma zone de confort et aujourd'hui, j'ai envie de tourner des films. » Un souhait qui semble déjà sur le point de se réaliser, puisque le jeune homme - tout comme Valentine - intégrera le casting de la prochaine production de Sébastien L. Roussin. « C'est aussi ça le message de ce film, souligne ce dernier. Les belles histoires peuvent naître partout, même en prison. »


La genèse de Pulsation prend sa source à la mi-décembre 2023, dans le cadre d'un concours organisé par la direction interrégionale des services pénitentiaires (D1SP) de Marseille sur le thème des valeurs de l'olympisme.


"Nous avons été contactés par le centre pénitentiaire de Borgo pour réaliser au départ un court-métrage de 15 minutes", relate le réalisateur. "Finalement, nous avons tous été convaincus du potentiel de l’intrigue, alors nous avons fait le pari de le transformer en un film d'une heure dix."


Entre inclusion et rédemption

Une réalisation soutenue par la communauté d'agglomération de Bastia (Cab) et la préfecture de Haute-Corse. Le film relate l'histoire d'Alain et Jean-Marie, deux détenus qui décident de tuer le temps en imaginant le récit de deux frères que tout oppose. Avec d’un côté, Antoine, jeune nageur de haut niveau qui doit participer aux Jeux olympiques. Et de l’autre, Nicolas, jeune homme débonnaire et irresponsable.


A la suite d’évènements tragiques qui causeront de nombreux troubles, et dont la responsabilité sera imputée à Nicolas, ce dernier va tout mettre en oeuvre pour se racheter auprès de ceux qu'il a déçus.


Pour Emmanuelle de Gentili, élue municipale et communautaire de Bastia, le projet porté par les détenus et mis en forme par Sébastien L. Roussin et ses équipes « est aussi une parole engagée, permettant de faire évoluer les mentalités sur des thématiques telles que l'inclusion ou la rédemption ». Et de poursuivre : « C'est aussi une manière de dire que dans la vie, il peut toujours y avoir une seconde chance. »


Les rôles principaux devaient être initialement joués par deux détenus de la prison de Borgo. Jusqu’à ce que le drame d'Incarville rie remette en cause l'existence même du projet.


”En quarante-huit heures, il a fallu trouver des acteurs, puisque les détenus n'avaient plus l’autorisation de sortir de la prison", rapporte Sébastien L. Roussin. Avoir réussi à présenter ce film, finalement, c'est un miracle.

CORSE-MATIN - le 2 novembre 2024

PLAN DU SITE - © la FRAMAFAD PACA & CORSE- 2024 - Pour nous joindre