Laon L’association qui reçoit les proches des prisonniers recrute. Ses effectifs sont en effet passés de 26 à 14 bénévoles depuis l’épidémie de Covid-19. Cette réduction de l’équipe menace la pérennité de l’action.
Laon : L’Accueil des familles de détenus en quête de bénévoles - L’association qui reçoit les proches des prisonniers recrute. https://t.co/hDPHnSULly pic.twitter.com/MsRRIrHXpe
— framafad paca corse (@WaechterJp) October 18, 2024
Hervé Marti
Si l’on ne voyait pas les murs de la prison à travers ses fenêtres, l’abri des familles aurait presque des airs de centre social : un jardin d’enfants à l’entrée, des jeux de société, une table avec du café et des douceurs… La petite maison qui jouxte les geôles laonnoises est un lieu de passage obligatoire pour qui vient voir un de ses proches au parloir. Sans la présence des bénévoles de l’Accueil des familles au centre pénitentiaire de Laon, l’ambiance dans ce sas entre le monde normal et le milieu carcéral serait tout autre.
Mais le nombre de bénévoles de l’association s’est fortement réduit ces dernières années. « Avant le Covid nous étions 26 et nous sommes 14 aujourd’hui , signale Marie-Christine Michaux, présidente de l’Accueil des familles au centre pénitentiaire de Laon. Ce serait dommage que faute de bénévoles on soit obligé d’arrêter notre action auprès des familles des détenus. »
L’association qui intervient depuis trente-deux ans sur place – il s’agissait à l’origine d’une activité lancée par l’antenne soissonnaise de la Conférence Saint-Vincent de Paul – cherche donc à recruter de nouveaux volontaires. « Beaucoup de gens ont un peu peur. Ils se font de fausses idées. Nous n’avons aucun contact avec les détenus » , souligne Marie-Christine Michaux. Marie-Paule, bénévole depuis quatorze ans, explique simplement son engagement : « C’est quelqu’un qui le faisait qui m’en a parlé. J’étais à la retraite, j’avais envie de m’investir et il y avait un besoin. » Son engagement relève presque du sacerdoce : « Je vis à Ambleny, donc je fais 100 kilomètres à chaque fois que je viens ici. »
Une affaire de femmes ?
Les volontaires se relaient dans cet endroit les lundis, mardis, mercredis, vendredis et samedis après-midi. « Il n’y a pas de parloir le jeudi, et le dimanche, on ne vient pas » , signale Marie-Christine. Les deux dames précisent qu’elles sont là pour accueillir les familles, discuter, proposer aux enfants de jouer… « On reçoit les visiteurs avec du café et en leur souriant. Ils ne sont pas obligés de venir vers nous, mais ils doivent pointer ici avant d’entrer à la prison. Certains ont besoin de parler et nous sommes là pour les écouter, d’autres préfèrent rester à l’écart et nous respectons cela. »
En les observant de près on se demande d’ailleurs pourquoi l’accueil ne semble être qu’une affaire de femmes. « C’est vrai qu’il n’y a qu’un monsieur parmi nous , constate Marie-Christine Michaux. Peut-être les messieurs s’intéressent moins à ce type d’engagement, mais la porte de notre association leur est grande ouverte. »
Julie, qui travaille à l’abri des familles, cohabite sans souci avec les bénévoles. Elle salue leur rôle : « Quand elles ne sont pas là, les familles les réclament. Il faut dire que quand on vient ici, c’est qu’on vit une histoire difficile. Les familles ont besoin d’être rassurées et les personnes de l’association font preuve d’humanité. »
Laurence, dont le fils est incarcéré, reste à l’abri durant toute la visite : « C’est mon mari qui rentre, je ne peux pas, parce que je suis malade. Ce que ces dames font est remarquable. » Amélie, qui vient voir son conjoint, confirme : « Être la femme d’un détenu ce n’est pas facile. Venir au parloir est moins triste quand elles sont là. On peut discuter de ce qu’on veut. Elles ne nous jugent pas. »