La réinsertion des détenus passe par la formation

La Région et l'administration pénitentiaire ont signé une convention, hier, visant à proposer des formations professionnelles aux détenues et détenus des centres pénitentiaires de Normandie.


Reportage

Une fine odeur irrite les naseaux. Celle de la peinture fraîchement posée. Nous sommes derrière les barreaux, dans la prison de Caen - Ifs (Calvados), à l'entrée d'une vaste pièce où huit détenus s'attellent à la tâche. Pinceaux en mains, ces derniers recouvrent les murs gris d'une épaisse couche blanche.


Marc (prénom d'emprunt) est l’un d'entre eux. Le jeune homme a commencé sa formation professionnelle il y a maintenant une semaine. « Ça me fait du bien », confie-t-il ce mardi 5 mars, sous le regard avisé de l’administration pénitentiaire. Pour sortir de sa cellule ou simplement pour s'occuper l'esprit, il apprécie cette activité

quotidienne.


Répondre à un manque


La formation professionnelle de Marc s'inscrit dans le cadre d’une convention signée par la Région, la Direction interrégionale des services pénitentiaires du Grand Ouest (DISPGO) et les structures carcérales normandes. Elle doit «faciliter la réinsertion professionnelle » des détenus en Normandie. Une ambition nécessaire au vu des constatations faites par Jeanne Laurent, de l'Observatoire international des prisons (OP). La coordinatrice Nord-Ouest souligne « des appels » de détenus « récurrents» à ce propos, et pointe un manque d'activité proposé aux prisonniers.


Le document paraphé ce jour prolonge une première convention signée en 2019. Avec quelques modifications tout de même. Déjà les formations professionnelles 2024 se veulent mixtes, Un axe fort, un principe essentiel, nous assure-t-on. Informatives aussi, avec un parcours d'orientation spécifique au détenu. Enfin, elles seront plus courtes - environ 160 heures - et en adéquation avec les qualifications professionnelles recherchées.


« L'objectif, à terme, est de réussir à intégrer 680 détenus par an dans les parcours de formation. Soit environ 10% du public», présente David Marguerite, vice-président de la Région, qui a investi 1 400 000 € dans ce projet. C'est un peu plus qu'en 2022 et en 2023, où 500 puis 525 détenus de l'ensemble des centres pénitentiaires normands ont pu être formés. Mais sur combien de demandes ? « Nous n'avons pas de chiffres », répond Luc July, directeur adjoint à DISPGO.


Acquérir des bases


Une fois les modalités expliquées, l'administration pénitentiaire nous emmène à la rencontre de Benoît Boulleaux. Il est formateur technique dans le milieu carcéral depuis deux ans et demi. Sa mission : encadrer le petit groupe de peintres. L’homme présente les contours de cette formation professionnelle : « Il y a quatre modules durant cette formation. L'idée est que les détenus puissent acquérir les bases du monde professionnel. Ce groupe, en l'occurrence, ira ensuite découvrir l’univers de l'électricité, de la maçonnerie, puis de la plomberie. »


Dans une pièce à côté, un groupe de huit personnes se forme aux métiers du numérique. Notamment à la saisie de texte, ou à la création d’un tableur Excel. Des qualifications pas forcément essentielles au monde professionnel, mais « indispensable à la vie de tous les jours », se réjouit l'une d'entre eux.


D'ici juillet, ces formations s’étendront à au moins sept autres champs professionnels : la logistique, l'hôtellerie, hygiène et la propreté, l'industrie, le commerce et l'économie verte.


Tom SAVARY.

OUEST-FRANCE le 5 mars 2024

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