À l’intérieur des lieux de détention, les téléphones sont devenus un enjeu de sécurité. Mais, pendant sept mois, l’administration expérimente l’octroi de mobiles à quelques détenus proches de la sortie.
• Pierrick BAUDAIS.
Prisons : des portables sans autorisation… ou avec - À l’intérieur des lieux de détention, les téléphones sont devenus un enjeu de sécurité. @OuestFrance pic.twitter.com/FyL3XQJuNc
— framafad paca corse (@WaechterJp) October 12, 2024
Des téléphones portables dans les prisons : c’est illégal et pourtant cette interdiction n’empêche nullement ces appareils de circuler à grande échelle. Quelque 53 000 portables et accessoires ont été saisis en 2023 dans les établissements pénitentiaires. Des détenus s’en servent pour communiquer avec des proches, s’afficher sur des réseaux sociaux – en partageant parfois leurs recettes de pâtisserie – mais aussi pour continuer à gérer leurs trafics de stupéfiants ou, comme la semaine dernière à la prison d’Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône), pour commanditer le meurtre d’un individu.
Test avec trente-huit détenus
Mardi soir, devant les députés de la commission des lois, le nouveau ministre de la Justice, Didier Migaud, a assuré qu’il mobiliserait « les moyens nécessaires » pour éviter que les prisons « ne deviennent des passoires ». Trente-huit établissements pénitentiaires (sur un total de 179) sont ainsi équipés de dispositifs anti-drones, ces engins volants étant de plus en plus souvent utilisés pour approvisionner les détenus en téléphones et produits stupéfiants. « Fin 2025, quatre-vingt-dix établissements seront équipés », a précisé le ministre.
Autre dispositif : des portiques de sécurité plus performants sont expérimentés pour éviter que des portables n’entrent à l’intérieur des prisons avec l’aide de visiteurs. « En positionnant bien le téléphone sur soi, le portique ne sonne pas. Certains modèles sont même devenus indétectables », se désole Wilfried Fonck, secrétaire national de l’Ufap-Unsa.
Dans ce contexte, l’administration pénitentiaire a néanmoins décidé de permettre à des détenus de disposer d’un téléphone mobile dans leur cellule. Trente-huit, au total, écroués dans les centres de semi-liberté de Besançon (Doubs) et Montargis (Loiret), participent à cette expérimentation de sept mois. Objectif : permettre à ces détenus qui, en journée, travaillent ou suivent une formation à l’extérieur de la prison, « d’être autonomes dans leurs démarches de réinsertion », précise l’administration. Cette dernière assure que « tout manquement aux consignes d’utilisation est sanctionné par le retrait immédiat du téléphone ».
Reste que cette expérimentation inquiète le syndicat Ufap-Unsa : « Rien n’autorise, par exemple, le personnel pénitentiaire à contrôler l’historique de navigation de ces détenus. Ne va-t-on pas vers une légalisation qui ne dit pas son nom ? »
Ouest France - le 11 octobre 2024