FRAMAFAD PACA & CORSE

Fédération Régionale des Associations de Familles et Amis de Détenus PACA CORSE

"L’augmentation du nombre de patients détenus est préoccupant"

MARSEILLE Dix jours après son évasion de l’hôpital Édouard Toulouse, B.C. patient détenu qui devait réintégrer les Baumettes, est toujours dans la nature. Sa fugue suscite des remous jusqu’à l’ARS et pourrait remonter jusqu’au ministère.

• Blandine FRAYSSE

L’évasion d’un patient détenu, le 7 août dernier, de l’hôpital psychiatrique Édouard Toulouse (15e) n’en finit pas de faire de remous. Elle était passée sous les radars avant les révélations de La Provence l e 13 août 2024. Désormais, la fugue de cet homme de 20 ans qui devait réintégrer sa cellule des Baumettes après une brève hospitalisation, se retrouve sur le haut de la pile des dossiers à traiter d’urgence pour Yann Bubien. Nommé au Conseil des ministres le 16 juillet dernier, Yann Bubien a pris ses fonctions de directeur général de l’Agence régionale de santé Provence-Alpes-Côte d’Azur (ARS Paca), il y a un mois.

C’est à ce quinquagénaire ultra-capé qui, au cours de sa carrière, a alterné des postes dans le secteur hospitalier et en cabinet ministériel, que le syndicat Sud Santé vient d’adresser un courrier alarmant. Son secrétaire général, Kader Benayed, y dénonce la situation préoccupante que traverse l’hôpital psychiatrique Édouard Toulouse, implanté dans des quartiers parmi les plus défavorisés de Marseille.

Pour le délégué syndical, l’évasion, il y a trois semaines, de B.C., un patient D398 (matricule indiquant son statut de détenu), est symptomatique : "Depuis plusieurs mois, nous observons une augmentation préoccupante du nombre de patients D398 dans notre établissement."

Un phénomène que Kader Benayed attribue au contexte socio-économique de la région. "Marseille, ville portuaire et de primo-arrivants, est confrontée à une recrudescence de la violence, des trafics de stupéfiants et de la délinquance. Cela impacte directement la santé mentale des populations que nous prenons en charge."

Or, et c’est là que le bât blesse, l’hôpital psychiatrique Édouard Toulouse n’est pas prévu ni équipé pour assurer la prise en charge sécurisée de cette population spécifique. "C’est une responsabilité qui revient à l’Unité Hospitalière Spécialement Aménagée (UHSA), dont la capacité est de 60 places, insiste le secrétaire général Sud Santé. Mais alors qu’elle a une capacité d’accueil de 60 lits, l’UHSA n’accepte actuellement que 30 patients."

Si Sud Santé réclame instamment à l’ARS de prendre des mesures immédiates pour obliger l’UHSA à remplir sa capacité d’accueil, une deuxième requête adressée à Yann Bubien semble indiquer que le syndicaliste ne croit guère à un miracle qui viendrait subitement réduire la pression sur l’hôpital Édouard Toulouse…

En clair, faute de voir les patients détenus systématiquement pris en charge par l’unité spécialisée, compensons par de la monnaie sonnante et trébuchante… Kader Benayed n’en fait mystère : "Nous demandons l’attribution d’une prime de risque à l’ensemble des agents de notre établissement travaillant avec des patients détenus, en reconnaissance de l’exposition à des risques comparables à ceux des agents de l’UHSA." Après avoir été reçus par la maire de secteur des 15e et 16e arrondissements, les syndicalistes de Sud Santé ne relâchent pas la pression et s’adressent directement au maire de Marseille, Benoît Payan, auprès duquel ils sollicitent "une rencontre directe avec les agents de l’hôpital Édouard Toulouse".

"Même s’il n’a pas la compétence, le maire de Marseille au chevet des soignants, ça peut peser", estime Kader Benayed qui prépare d’ores et déjà un courrier qu’il compte adresser à Catherine Vautrin, la ministre démissionnaire du Travail, de la Santé et des Solidarités.

La violence à Marseille impacte directement la santé mentale des populations que nous prenons en charge.„

KADER BENAYED, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUD SANTÉ

Avis de recherche infructueux

Quant à B.C., le détenu en fuite, il est toujours dans la nature. Diffusé toute la journée du 7 août dernier sur les ondes de la police municipale et nationale, l’avis de recherche donnant son signalement n’a toujours pas permis de retrouver le jeune homme qui pourrait tout simplement se cacher dans le 15 e arrondissement, quelque part dans le quartier de la Solidarité, dont il était familier avant son incarcération à la prison des Baumettes (9e).

Le détenu en fugue pourrait se cacher dans le quartier de la Solidarité (15e), dont il était familier avant son incarcération aux Baumettes.

La Provence - le 17 août 2024

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