En prison, les détenus proches du narcobanditisme sur la sellette


L’offensive du gouvernement contre le trafic de drogue se décline aussi dans les prisons françaises. Des opérations ont été menées dans la région marseillaise et répondent à « une logique de fermeté », indique la chancellerie. 


Le gouvernement persiste et signe dans sa volonté de faire des opérations policières massives – surnommées « opérations place nette » – le pilier de la lutte contre le narcobanditisme. « Il n’y a aucune raison que ces opérations s’arrêtent aux murs des prisons », fait-on savoir au ministère de la justice. La Chancellerie a donc organisé leurs pendants pénitentiaires avec les opérations « cellule nette ». Les premières opérations ont été menées dans les établissements pénitentiaires de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca). Interrogées par La Croix, les organisations syndicales confirment que six opérations ont eu lieu lors des dernières semaines dans la région. « À la bonne heure », ironise Wilfried Fonck, secrétaire national de l’Ufap-Unsa, l’un des grands syndicats de surveillants, pour qui la présence de stupéfiants en détention « est un secret de polichinelle ».

Auditionné la semaine dernière au Sénat, le ministre de la justice Éric Dupont-Moretti a offert un aperçu de la méthode employée pour mener ces actions coups de poing. « Près de 250 personnels ont été mobilisés lors d’opérations de fouilles très ciblées sur des détenus impliqués dans le milieu du narcobanditisme. » La Chancellerie précise également que ce ciblage découle d’informations récoltées par les services de renseignements pénitentiaires, qui jouent un rôle central dans la lutte contre la détention et le trafic de stupéfiants en prison.

Une fois les détenus ciblés, de gros moyens sont mis en œuvre. Les équipes régionales d’intervention et de sécurité (Éris), aussi surnommées « GIGN de la pénitentiaire », sont venues en renfort. Leur intervention est couplée à une fouille minutieuse par les équipes cynotechniques, dotées de chiens spécialisés dans la recherche de produits stupéfiants. Le ministère n’a pas souhaité s’étendre sur le déroulé des opérations afin de « préserver un effet de surprise »

« Nous tenons à réaffirmer notre soutien aux mesures prises pour assurer la sécurité interne », se félicite le secrétaire général de la CGTPénitentiaire Paca, Paul Courtaro . De son côté, le syndicat des directeurs de prison salue l’initiative du ministère. Au cours de son audition, Éric Dupond-Moretti a dévoilé les résultats des premières opérations : « Ce sont 60 téléphones portables, 600 grammes de produits stupéfiants, 18 clés USB, 13 cartes SIM , des armes artisanales et deux couteaux qui ont été saisis, a-t-il exposé. (…) Les téléphones et cartes SIM sont des saisies importantes car leurs analyses peuvent fournir de précieux renseignements à la justice. » Comprendre : remonter les réseaux grâce à la téléphonie.

Wilfried Fonck craint cependant un coup d’épée dans l’eau : « Les fouilles sectorielles, c’est bien joli. Mais ça ne règle pas le problème. » Le responsable syndical rappelle que les prisons sont des lieux où les informations circulent rapidement : « Si un quartier est fouillé, les autres vont être prévenus et vont s’empresser de cacher leurs produits et objets illégaux. » Le secrétaire national de l’Ufap-Unsa rappelle que les opérations « cellule nette » répondent à une demande collégiale des organisations syndicales, mais voudrait aller encore plus loin : « C’est l’ensemble du parc pénitentiaire qui devrait faire l’objet d’une fouille, mais cela coûte cher à l’administration. »

Hugo Forquès

La Croix - 15 avril 2024

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