Dans un livre à paraître mercredi, la journaliste Valérie Benaïm lève le voile sur ces femmes qui tombent amoureuses de tueurs en série
Dans un livre à paraître, la journaliste Valérie Benaïm lève le voile sur ces femmes qui tombent amoureuses de tueurs en série @leJDD pic.twitter.com/B1lNGNGZrH
— framafad paca corse (@WaechterJp) February 12, 2024
PROPOS RECUEILLIS PAR FLORIAN ANSELME
Qu’est-ce qui vous a incitée à vous pencher sur un tel sujet ?
Le point de départ, c’est lorsque je découvre, horrifiée, devant ma télévision, que Nordahl Lelandais a pu ouvrir un compte Facebook en prison et ainsi démarrer une correspondance avec une jeune femme. Dans le même temps, j’apprends qu’il a entretenu une liaison avec une visiteuse d’une cinquantaine d’années qui s’est prise de passion pour lui. Ça m’a choquée, interpellée, mais, d’une certaine façon, fascinée aussi.
Qu’avez-vous cherché à comprendre ?
Qui sont ces femmes qui peuvent être séduites par de tels criminels ?
J’ai voulu comprendre et raconter leur parcours. Notamment en rencontrant Élisabeth, qui a passé trois ans avec Nordahl Lelandais et qui s’est énormément livrée. Grâce à son témoignage, on en apprend beaucoup sur lui…
Vos recherches semblent avoir dépassé tout ce que vous pouviez imaginer ?
Oui, d’autant plus que c’est un phénomène mondial. J’ai découvert qu’Anders Breivik, le tueur norvégien aux 77 victimes, recevait plus de 800 lettres par mois… ou encore que Luka Magnotta, le « dépeceur de Montréal », avait plusieurs « fan-clubs » de jeunes femmes qui tiennent des blogs qui lui sont dédiés. Ou encore que, chez nous, des détenus comme Guy Georges et Patrice Alègre recevaient régulièrement des demandes en mariage…
Psychologiquement, les femmes que vous avez rencontrées sont-elles « dérangées » ?
On ne peut pas dire ça. D’autant qu’elles sont loin d’être stupides. Leurs profils sont d’ailleurs très variés. Certaines peuvent souffrir d’un trouble pathologique, certes, mais d’autres simplement de solitude affective, souvent associée à un traumatisme, type violences physiques ou sexuelles. Il y a aussi toutes celles qui sont frappées du « syndrome de l’infirmière » et qui pensent qu’elles peuvent changer le plomb en or…
Comment sort-on d’une telle enquête ?
C’est encore très présent dans ma tête… Ma famille était d’ailleurs inquiète de me voir me lancer là-dedans. Car ils savent que je ne fais pas les choses à moitié. Ces femmes occupent toujours mes pensées. Sincèrement, je pense tout le temps à elles. Et j’aimerais que mon livre permette de sortir des clichés. Que cela pose un débat de société. Les rapports sexuels en prison, les unités de vie familiale… devrait-il y avoir une hiérarchie parmi les criminels qui y ont accès ? C’est un vrai sujet.
IL N’EST PAS CELUI QUE VOUS CROYEZ
VALÉRIE BENAÏM FAYARD 342 PAGES, 22 EUROS
le JDD - le 11 février 2024