Un détenu égorgé par son compagnon de cellule

Un détenu aux Baumettes âgé de 25 ans a quasiment décapité son co-détenu de 22 ans avec un tesson de bol du petit-déjeuner. 

La Marseillaise et la Provence rendent compte chacun à son tour de ce  grave fait-divers dans leur édition du 11 octobre 2024.

LA MARSEILLAISE

Un détenu égorgé par son compagnon de cellule

• Mireille Roubaud

FO et CGT pénitentiaire déplorent les effets de la surpopulation carcérale.

Il est mort, je l’ai tué.» C’est ce que ce détenu de 25 ans, va répondre au surveillant qui fait sa tournée du quartier des « arrivants», ce mercredi un peu avant 20h et demande où est le deuxième occupant de la cellule, a-t-on appris de source proche du dossier. Après avoir appelé les renforts, son co-détenu de 22 ans sera retrouvé baignant dans une mare de sang, égorgé a priori à l’aide d’un tesson « d’un bol en porcelaine du petit-déjeuner », précise notre source. Le détenu de 25 ans aurait demandé plusieurs fois à être transféré, pointant les crises de son compagnon de cellule. L’administration pénitentiaire a confirmé un « incident avec une personne décédée», et indiqué qu’une enquête avait été ouverte. Le parquet de Marseille devait communiquer « rapidement».

Un taux d’occupation de la prison de presque 155%

Mais pour Catherine Forzi, surveillante pénitentiaire et responsable FO aux Baumettes, il s’agit là d’une des conséquences de la surpopulation carcérale. « Le quartier des arrivants est un véritable fourre-tout avec 100détenus pour 70places », explique-t-elle, rappelant que le taux d’occupation à la prison des Baumettes flirte déjà avec les 155%. La responsable syndicale s’indigne que « faute de place », on mette dans la même cellule un condamné pour trafic de stupéfiant, « qui n’a rien à faire là » et un prévenu, lui aussi inquiété pour narcotrafic. Touchée et en colère, elle alerte sur la mise en danger des détenus et des surveillants.

La CGT demande des mesures immédiates

Dans un communiqué, la CGT pénitentiaire dénonce également « un drame insoutenable » et met en avant des conditions de travail « déplorables » avec « un seul gradé affecté pour gérer 5 bâtiments ». Pour le syndicat, « la politique du toujours plus avec toujours moins doit cesser ». S’inquiétant de l’ouverture des Baumettes 3, la CGT réclame des mesures immédiates comme le renfort des équipes de nuit, une reconnaissance du travail accompli et des moyens pour assurer la sécurité des agents et des détenus.

Mireille Roubaud

La Marseillaise - le 11 octobre 2024

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LA PROVENCE

Aux Baumettes, un homme égorgé par son codétenu

MARSEILLE La victime, 22 ans, était originaire des Alpes-de-Haute-Provence. Sa mère a annoncé à "La Provence" son intention de porter plainte. @laprovence

• Marguerite DÉGEZ

En détention provisoire dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour trafic de stupéfiants, Robin C. ne sera jamais jugé. Le jeune homme de 22 ans a été égorgé dans sa cellule des Baumettes mercredi, peu après 19 h. C’est l’un des surveillants qui, en effectuant l’une de ses quatre rondes du soir, l’a découvert, inconscient. Les secours, arrivés rapidement, n’ont pu que constater le décès du jeune homme. Son codétenu, un homme de 25 ans condamné à six mois de prison ferme pour trafic de stupéfiants, a été placé immédiatement en garde à vue ; il est à cette heure le principal suspect de l’homicide, qui aurait selon certaines sources, été commis à l’aide d’un tesson de bol en porcelaine brisé.

Trafic d’ordonnances et de médicaments

Une enquête a été ouverte par le parquet de Marseille, du chef de meurtre. Les investigations ont été confiées à la Division de la criminalité territoriale (DCT). "À ce stade, a précisé hier le parquet, ces faits semblent avoir pour origine une mésentente entre codétenus et ne sont pas reliés aux évènements récents relatifs aux conflits entre bandes rivales sur fond de narcotrafic." La mort violente de Robin C., dont les circonstances n’ont pas encore été pleinement éclaircies, pose dès à présent la question de la surpopulation carcérale. Le jeune homme et son codétenu, plus âgé, se trouvaient dans une cellule du "quartier des arrivants" du centre pénitentiaire des Baumettes, censé n’être qu’un lieu de passage pour dix à quinze jours, le temps d’être placés en quartiers "classiques", en fonction de leurs profils. L’un s’y trouvait depuis un mois, l’autre depuis plus de dix jours. Selon des témoignages recueillis par l’AFP auprès de sources syndicales, le service de garde était, cette nuit-là, en sous-effectif, avec trois agents pénitentiaires manquants.

Au1er septembre 2024, la prison historique marseillaise comptait 903 détenus écroués, pour une densité carcérale de 176 %, selon l’administration pénitentiaire.

Selon les informations de La Provence, Robin C., qui avait grandi à Sisteron et vivait désormais à Château-Arnoux-Saint-Auban, où il avait travaillé pour une société de panneaux photovoltaïques, avait été interpellé le 21 septembre dernier, dans une pharmacie. Il aurait tenté avec un comparse d’y utiliser une fausse ordonnance pour se voir délivrer des médicaments, notamment de la codéine. Une information judiciaire avait été ouverte par le parquet de Digne-les-Bains.

"Pourquoi on a mis mon fils de 22 ans qui avait commis un petit délit avec un fou furieux ? Il s’est fait massacrer, et avant cela, il était resté trois semaines sans contact, sans argent, sans avocat, c’était complètement hermétique", s’est indignée hier soir la mère du jeune homme auprès de La Provence. Cette Bas-Alpine, qui décrit son fils unique comme "un jeune qui fumait quelques pétards mais n’était pas un violent", a annoncé son intention de porter plainte ce matin. "Nous ne lâcherons pas. Il a fait des conneries de jeune, mais ça ne méritait pas la mort."

Nous ne lâcherons pas. Il a fait des conneries de jeune, mais ça ne méritait pas la mort.„

LA MÈRE DE LA VICTIME

La Provence - le 11 octobre 2024

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