L’exposition 9m² donne à voir les œuvres de détenus d’Arles et du Pontet réalisées avec Maud Lécrivain. 9m², c’est la taille réglementaire d’une cellule dans laquelle il faut dormir, se laver, manger, vivre. Et c’est le titre de l’exposition en cours à l’espace Van Gogh qui propose les œuvres de personnes incarcérées à la Maison centrale d’Arles et au Centre pénitentiaire du Pontet où, depuis 2010, Maud Lécrivain enseigne l’art plastique.
ARLES ESPACE VAN GOGH - Qd les prisonniers s’évadent par l’art. L’exposition 9m² donne à voir les œuvres de détenus d’Arles et du Pontet réalisées avec Maud Lécrivain. 9m², c’est la taille d’une cellule dans laquelle il faut dormir, se laver, manger, vivre.@laprovence pic.twitter.com/ezdYp62NWS
— framafad paca corse (@WaechterJp) February 6, 2024
Le thème sur lequel une trentaine de détenus ont travaillé, sur la base du volontariat, depuis un an et demi, est celui de l’enfermement, ses diverses problématiques, la manière de les représenter, de les exprimer artistiquement. "Cela fait longtemps que j’avais envie de construire avec eux un nouveau projet autour de l’enfermement. Au début, ils étaient réticents, puis, au fil des jours, ils sont devenus enthousiastes", explique l’artiste plasticienne, qui ajoute avec un sourire et un petit clin d’œil : "Et pourtant, je suis moi-même claustrophobe, alors enseigner dans les prisons, il a fallu m’y habituer…"
Le résultat est là : une superbe exposition, émouvante, de dessins, peintures, photographies installations, des œuvres individuelles ou collectives, sur fond sonore rappelant les bruits des barreaux de prisons, lorsqu’on les boucle, lorsqu’on les teste. On prend conscience de l’espace carcéral avec le plan d’une cellule qui reproduit au sol ses dimensions exactes. À côté, une installation de "yoyos", ces longs rubans de draps déchirés qui permettent de communiquer, d’échanger des objets d’une cellule à l’autre, est la narration de la vie carcérale, aspiration vers la lumière, l’espace, la liberté… Des témoignages aussi, tel ce poème de Don Colombino qui se termine ainsi : "La liberté, c’est comme la confiance, elle ne se donne pas, elle se gagne."
Si l’on ajoute qu’une partie des artistes détenus étaient présents au vernissage, après avoir participé à l’accrochage, et servaient de guides aux nombreux visiteurs qui se pressaient ce vendredi au rez-de-chaussée de l’Espace Van Gogh, on comprendra l’appréciation de Sophie Aspord, adjointe au maire, qui, lors de son intervention, se tournait vers les détenus pour leur dire : "L’art apporte un autre regard, vous nous avez apporté quelque chose d’important."
Avant de remercier tous ceux qui, outre Maud Lécrivain, ont permis la réalisation de ce projet dont le Spip (service pénitentiaire d’insertion et de probation), financeur du projet, représenté par Jean Cauvé, le chef de l’antenne Arles-Tarascon.
Jusqu’au dimanche 11 février, tous les jours de 11h à 13h et de 14h à 18h.
La Provence - le 05 février 2024