Nombreux sont les médias qui couvrent le procès de cette surveillante de prison (Corse-Matin, La Provence)
Elle fait figure, selon l'accusation, de pierre angulaire du double assassinat de Bastia-Poretta pour avoir donné le « baiser mortel ». Elle va être entendue ce jour devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône. Sa parole est attendue.
Cathy Chatelain, surveillante de prison sous le feu des projecteurs. Elle fait figure, selon l'accusation, de pierre angulaire du double assassinat de Bastia-Poretta pour avoir donné le « baiser mortel ». @Corse_Matin pic.twitter.com/mWnLSzmYZI
— framafad paca corse (@WaechterJp) May 17, 2024
Même si elle va se limiter à sa personnalité. Son rôle dans le double assassinat de Bastia-Poretta du 5 décembre 2017 devrait être évoqué plus tard.
Cathy Chatelain, surveillante pénitentiaire à la prison de Borgo, fait figure, selon l'accusation, de pierre angulaire de ce dossier. Aujourd’hui, tous les regards vont se braquer sur cette femme, personnage principal d’un film. Le président va l'interroger, sur sa vie, son parcours. Un premier témoignage important alors que la détenue avait indiqué n’avoir «rien à déclarer » en préambule de ce procès devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône. Son intervention arrive après deux premiers jours de procès, marqués par l'intervention inédite des frères Guazzelli dans cette affaire. Les deux principaux accusés ont longuement évoqué leur vie et la douleur d'avoir perdu un père devant la cour. Tout comme Ange-Marie Michelosi, un peu plus tôt.
«J'ai été engagée pour un travail et je l’ai fait »
Celui de Cathy Chatelain va s'inscrire dans un autre registre : « Semblant acquise à une sorte de cause criminelle pour le compte de laquelle elle se disait fière d'avoir agi, Cathy Chatelain semblait fascinée par le milieu de la criminalité organisée, particulièrement celui sévissant en Corse », appuient les enquêteurs dans l’ordonnance de mise en accusation, qui ajoutent qu'elle à « accepté de renseigner l'équipe dirigée par Christophe Guazzelli sur les sorties des victimes. Elle s’est rendue à l'aéroport le jour des faits pour permettre l’identification de Jean-Luc Codaccioni et Antoine Quilichini, Elle a détruit le PGP qui lui avait été remis et a accepté de prendre en charge le poison qu'elle devait administrer à Stéphane Luciani. » Lors de son interrogatoire, elle reconnaît « avoir un rôle dans la commission des faits », avant d'aller plus loin : « J'ai été engagée pour faire un travail et je l’ai fait. » Et de déclarer que cela « mettait du piquant » dans sa vie : « La Parisienne comme moi qui arrive en Corse, qui ne parle pas un mot de corse et qui rentre dans un truc comme ça, c'est fort quand même. » Le projet d'empoisonnement de Stéphane Luciani, en prison au moment des faits, fait aussi partie de ce « travail ». La surveillante pénitentiaire est chargée d’administrer le poison.
Cette dernière est au centre du projet criminel : « Après avoir participé aux faits commis sur les lieux de l’aéroport, elle paraissait convaincue de devoir aider “le clan” à réaliser son dessein criminel dans son entier », écrivent les policiers. Pour ces actes, cette mère de famille de cinq enfants aurait dû toucher une somme de 200 000 euros. Cathy Chatelain est la seule à reconnaître son implication dans les faits. Et elle devrait, sauf surprise, tenir cette même ligne à l’audience.
CORSE-MATIN - 13 MAI 2024
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Cathy Sénéchal, la "matonne" soupçonnée d’avoir donné "le baiser de la mort"
La surveillante pénitentiaire de la prison de Borgo est accusée d’assassinat et de tentative d’assassinat. Aux enquêteurs, elle avait admis "une appétence pour les histoires de banditisme ».
Cathy Sénéchal, la "matonne" soupçonnée d’avoir donné "le baiser de la mort"
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La surveillante pénitentiaire de la prison de Borgo est accusée d’assassinat et de tentative d’assassinat. @Corse_Matin pic.twitter.com/0RCbTCeo6Y
Dans ce dossier dont le récit de la vengeance des héritiers de la mythique bande criminelle de la Brise de mer a déjà suscité tous les fantasmes, le profil de Cathy Sénéchal détonne. Âgée de 48 ans et mère de cinq enfants, cette ancienne agente pénitentiaire est l’une des principaux accusés. "Ma cliente est en détention provisoire depuis six ans, précise sobrement l’un de ses avocats, Me Romain Neiller. Ce procès arrive tardivement et, d’une certaine façon, elle est contente qu’il arrive."
Arrivée à la prison de Borgo en 2014, la surveillante reconnaît avoir entretenu des relations de proximité avec certains détenus tout en contestant avoir rendu des services contre rémunération. Parmi eux, Antoine Quilichini et Jean-Luc Codaccioni, condamnés en février 2016 par le tribunal correctionnel de Marseille pour "association de malfaiteurs" en vue de commettre l’assassinat de Jean-Claude Colonna, le 17 juin 2008 à Pietrosella, en Corse-du-Sud. Cathy Sénéchal rencontre également Ange-Marie Michelosi fils, qu’elle décrit comme un "ami" qui la protégeait et lui avait déjà rendu visite chez elle.
Interpellée en juin 2018 à la prison de Borgo, la surveillante a reconnu son implication dans le double assassinat dès ses premières auditions. Aux policiers, elle avait notamment confirmé "son appétence pour les histoires du banditisme" et admis avoir reçu un téléphone crypté et transmis des informations. La première, d’après ses déclarations, concernait la date de sortie de "Tony le boucher", le 20 novembre 2017, "soit dix à quinze jours avant qu’il ne meure". La seconde concernait la permission de sortie de Jean-Luc Codaccioni, et la date de son retour à la prison de Borgo, le 5 décembre 2017. Ce matin-là, elle reçoit un message l’informant que le détenu doit rentrer par l’avion de 10 h 45 en provenance de Paris.
"J’avais fait mon job"
D’après ses déclarations en auditions, Cathy Sénéchal propose alors de l’identifier. "Je lui ai proposé mes services parce que j’avais le sentiment d’appartenir à quelque chose. J’estimais que ces gens me faisaient confiance et je voulais leur montrer que j’étais à la hauteur", explique-t-elle aux enquêteurs. Et d’insister : "C’est de mon propre chef que j’ai pris cette initiative." Elle est également soupçonnée d’être impliquée dans le projet d’empoisonnement d’un lieutenant supposé de Jean-Luc Germani, Stéphane Luciani.
À l’aéroport, où elle est filmée par les caméras de surveillance, la "matonne" est alors surprise de rencontrer Antoine Quilichini, venu récupérer Jean-Luc Codaccioni. D’après le récit livré par l’accusée, le premier étant connu du "clan", son interlocuteur lui indique ne plus avoir besoin d’elle, ajoutant qu’elle pouvait s’en aller. Elle n’en fait rien, reste avec "Tony le boucher", cherche à "donner le top". C’est chose faite quand, dans le hall de l’aéroport, Cathy Sénéchal court à la rencontre de Jean-Luc Codaccioni pour l’embrasser, avant d’échanger quelques mots et de les quitter. "J’avais fait mon job et malgré tout, je prends plaisir à discuter, déclare-t-elle aux enquêteurs. On se dit au revoir et Tony me regarde. Je pense que Tony avait compris (…). J’aurai toujours son regard en tête, jusqu’à la fin de ma vie."
En juin 2018, l’arrestation de Cathy Sénéchal durant son service, à la prison de Borgo, provoque surprise et stupéfaction auprès de ses collègues. "Vu qu’on est venu la chercher sur son lieu de travail, on savait que c’était grave, mais on ne se doutait pas du tout, se souvient Maxime Coustier, délégué syndical Ufap Justice de la prison de Borgo. Elle était très amicale, discutait beaucoup avec les détenus quand ils sortaient du parloir par exemple, mais pas plus avec certains qu’avec d’autres. S’il y avait une fascination, ça ne se voyait pas, c’était fait intelligemment. Elle ne parlait que de ses enfants, elle a même les empreintes de leurs mains tatouées sur l’avant-bras."
Fausse alerte à la bombe
En octobre dernier, le réalisateur Stéphane Demoustier avait choisi le théâtre de Bastia pour y présenter Borgo, en avant-première, lors du festival Arte mare. Une projection retardée par l’évacuation du cinéma, après une alerte à la bombe déclenchée par un coup de fil anonyme au commissariat de Bastia. Escorté par la police, le public avait finalement pu prendre place dans la salle et découvrir le film polémique. Le réalisateur, lui, maintenait qu’il s’agissait bien d’une fiction n’ayant "rien à voir avec certains faits ».
LA PROVENCE - le 6 mai 2024