L'association nationale des visiteurs de prison recherche des bénévoles dans le Loiret

 

L'association compte actuellement 15 visiteurs de prison actifs dans le Loiret © Radio France - François Guéroult

La situation n'est pas nouvelle, mais elle a empiré depuis la crise sanitaire : l'association nationale des visiteurs de prison sous main de justice (ANVP) manque cruellement de bénévoles dans le Loiret. Ils ne sont actuellement que 15 à rencontrer régulièrement des détenus qui n'ont plus de lien familial, ou qui sont isolés géographiquement, au centre de détention d'Orléans-Saran mais aussi au centre de semi-liberté de Montargis. Pour répondre aux besoins, il en faudrait le double, à tel point qu'il y a une liste d'attente - un détenu qui souhaite rencontrer un visiteur de prison doit patienter au moins 6 mois pour obtenir une première visite.

"Elle ressent quand je suis triste ou que je ne suis pas bien"

C'est pourtant un service très apprécié en prison. Exemple avec Claire, 53 ans, détenue à la prison de Saran depuis 2019, elle ne peut pas espérer sortir avant 2027. Elle rencontre chaque jeudi (au parloir-avocats) une visiteuse de prison, et elle ne pourrait pas s'en passer. "J'ai bien un fils, explique-t-elle, mais il ne supporte pas de venir ici ni de voir sa mère en prison, c'est trop dur pour lui, ce que je comprends très bien. C'est pour ça que j'ai demandé à rencontrer une visiteuse de prison : elle m'aide beaucoup, c'est une belle personne, toujours bienveillante."

Les coups de pouce sont variés : "Elle m'a donné des vêtements, elle m'aide quand je reçois de courriers que je ne comprends pas", mais surtout, c'est le seul contact à l'extérieur dont bénéficie la quinquagénaire. "On parle de tout et de rien, témoigne Claire, je ne sais comment expliquer cela mais elle ressent quand je ne suis pas bien ou que je suis triste : elle me remonte le moral, elle me console, elle me dit que les choses finiront pas s'arranger. Ça fait du bien. Franchement, pour ceux qui n'ont plus de famille, avoir une visiteuse de prison, c'est très précieux."

"Cela m'a donné une leçon d'humanité"

Mais pour les bénévoles aussi, l'expérience est enrichissante. "Je crois que cela m'a donné une leçon d'humanité, assure Jean-Paul Blanc, visiteur de prison depuis 7 ans à Orléans et à Montargis. C'est important de ne pas réduire un homme ou une femme à un acte qu'il a commis. Je crois aussi qu'on ne peut pas vraiment comprendre ce qu'est un centre pénitentiaire tant qu'on n'est pas rentré à l'intérieur, ne serait-ce que quelques heures. Et puis, oui, parfois on a le sentiment d'être utile, on voit parfois certains détenus reprendre un peu goût à la vie grâce à ces échanges." Des échanges qui ont lieu en général une fois par semaine, ce qui exige une grande disponibilité - et cela complique le recrutement de bénévoles.

Pour devenir visiteur de prison, il faut postuler auprès de l'ANPV. Il faut être âgé d'au moins 18 ans et ne pas avoir de casier judiciaire, l'agrément est délivré par l'administration pénitentiaire après une enquête administrative. Une formation obligatoire est dispensée pour apprendre à "écouter sans juger" et pour avoir quelques connaissances juridiques indispensables. C'est ensuite le SPIP (Service Pénitentiaire d'Insertion et de Probation) de l'établissement qui choisit le ou la détenu (e) avec qui le visiteur de prison sera en contact, en fonction de plusieurs critères (l'absence de dangerosité, la longueur de la peine à effectuer, la rupture des liens familiaux, l'isolement géographique, etc.).

FRANCE-BLEU - le 28 mai 2024

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