La Maison Centrale de Nimes étale ses hautes murailles sur un coteau appelé Crémat, au N. -N. O. de la ville. Ses bâtiments dominent toute la plaine. [Elle ferme ses portes en 1991, Ndlr].
Histoire: création de la prison nimoise
— framafad paca corse (@WaechterJp) January 23, 2024
La Maison Centrale de Nimes étale ses hautes murailles sur un coteau appelé Crémat, au N. -N. O. de la ville. Ses bâtiments dominent toute la plaine. Elle ferme ses portes en 1991. @lamarsweb pic.twitter.com/ezYkjNIJL9
Lorsqu’on a gravi la pente raide qui y mène, le regard est attiré par une énorme coquille en pierre, placée au-dessus d’un porche où, depuis plus de deux siècles, le temps caresse de ses doigts jaloux une majestueuse porte en chêne, piquée de gros clous et rouillée sur ses gonds. C'est la porte de l’ancien fort. À l’origine, cette maison fut une citadelle ; ses quatre bastions, sa place d'armes carrée, au centre, et ses fossés subsistent encore. Mais le tout, cela va sans dire, a subi de grandes modifications. Comme les forts d’Alais et de Saint-Hippolyte, cette citadelle date des guerres de religion. Après la révocation de l’Édit de Nantes, Louis XIV la fit construire afin de tenir la ville en respect et d'assurer l'exécution des mesures barbares prises contre les protestants. Vauban en dressa le plan, et l’intendant Lamoignon de Bâville, celui à qui l’histoire a donné la plus triste célébrité comme gouverneur du Languedoc, démontra dans une ordonnance la nécessité d’en presser la construction.
L'endroit qu’on choisit était situé hors des murailles de la ville. On y remarquait encore, çà et là, quelques ruines, derniers débris du fort de Rohan construit, en 1622, par les protestants et rasé, en 1629, par ordre de Louis XIII. Le 9 mai 1687, on commença par en abattre les arbres ; le 11, on creusa les fondations, et, le 15, l’architecte du roi, Jean Popo, sous le cautionnement de Jacques Cubizol, architecte de Nîmes, obtint l’adjudication de l'édifice. Le même jour, on posa la première pierre et on se mit à fouiller le roc calcaire, presque partout à nu, pour l'établissement d’une grande citerne et de deux puits. Aucun de ces puits n’a atteint une véritable nappe d’eau intarissable ; tout le monticule est constitué par les assises compactes du calcaire néocomien moyen, et il faudrait aller à plus de 80 mètres de profondeur pour traverser le niveau d’eau qui correspond aux bancs marneux du néocomien inférieur. Par contre, toute cette épaisse masse de calcaire est certainement excavée dans sa profondeur par un labyrinthe de grottes et couloirs en communication avec la fontaine de Nîmes.
On a même la preuve géologique de l’extension de ces cavités souterraines à 6 ou 7 kilomètres dans la direction du Nord-Ouest». L'historien de Nîmes, Ménard, raconte que cette citadelle fut bâtie au bout d’un an. «Les entrepreneurs, suivant les ordres qu’ils en avaient, y firent une diligence incroyable. Is y employèrent des régiments entiers, et tous ceux, femmes et enfants, qui apportaient du moellon aux ouvriers avaient un denier pour chaque pierre. Le premier gouverneur de la ville et du fort fut Balthazar Rippert d’Alauzier, brigadier d'infanterie, natif de Bollène au comté Venaissin.
La préséance lui fut donnée dans les assemblées deville. Au mois de juin 1688, M. d'Arthaud fut nommé major du fort. Quand il vint prendre possession de son poste, le 23 juin, la construction de la citadelle, bien qu’assez avancée, n’était pas encore finie ; il dut se loger au Luxembourg. Les consuls, en robe et en chaperon, accompagnés de plusieurs conseillers politiques, furent lui présenter les devoirs de la ville et leur assesseur ou orateur, l’avocat Elie Jheiron, ancien ministre protestant qui venait de faire abjuration, et qui avait été nommé en vertu d’une lettre de cachet, lui fit une harangue pour s‘assurer de leur fidélité au roi et aux ordres qu’il voudrait bien leur donner ; à quoi le Gouverneur répondit en termes très obligeants.
Vers la fin de la même année, comme l’emplacement occupé par la citadelle se trouvait hors de l’enceinte de la ville, on abattit les portes et les murs de la Bouquerie et des Précheurs, on construisit de nouvelles murailles avec trois portes, et on joignit des murailles au fort. C’est le 25 août 1689, jour de la fête de Saint Louis, que l'évêque de Nimes, Esprit Fléchier, inaugura la chapelle du fort et y célébra la première messe. Les consuls y assistèrent. Messire Bégault, aumônier de l’évêque, y prononça le panégyrique du saint roi. Cette fête, annoncée par une salve des canons du fort, se termina par un feu de joie allumé à l’Esplanade.
Thierry Arcaix
Sources
Perrier Ch. «Emprisonnement et criminalité. La maison centrale de Nîmes, ses organes, ses fonctions sa vie »
G Masson, éditeur, libraire de l’Académie de médecine, 120, boulevard Saint-Germain, Paris 1896.
@lamarsweb OCCITANIE - le 19 janvier 2024