L’ombre du gang marseillais DZ mafia derrière les attaques de prisons

21 suspects ont été présentés à des juges d’instruction, hier à Paris, dans l’enquête sur les attaques contre des prisons et des surveillants. Ils appartiendraient tous à des réseaux de trafic de drogue, notamment au gang marseillais DZ mafia.


  • Blandine FRAYSSE

Vingt-et-un suspects sur les 26 interpellés lundi dernier dans l’enquête sur les attaques contre les prisons ont été déférés devant des juges à Paris hier. Au moins 13 de ces 21 suspects ont été mis en examen, l'enquête ayant démontré que les attaques contre des prisons et des agents pénitentiaires étaient imputables aux narcotrafiquants. Dans un communiqué commun avec la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), désormais chargée des investigations, le parquet national antiterroriste (Pnat) annonce se dessaisir de cette enquête.

"Les investigations ont permis d’inscrire résolument ces actions dans la très grande criminalité organisée", indique le Pnat. En fait de "très grande criminalité organisée", c’est de la DZ mafia qu’il s’agirait. L’organisation de narcotrafiquants serait à l’origine de la série d’attaques qui ont visé des prisons et des logements d’agents pénitentiaires ces dernières semaines. Tirs à la kalachnikov et de mortiers, incendies de voitures et menaces auraient été commandités par le gang marseillais. "Il y aurait parmi eux des personnes qui seraient adhérentes (à la DZ mafia, NDLR). En tout cas, quelque chose fonctionne de la DZ mafia", avait laissé entendre dès mercredi, le ministre de la Justice Gérald Darmanin, sur France Inter.

L’un des trois chefs présumés de la DZ mafia

Parmi la trentaine de personnes interpellées au total entre lundi et mercredi, figureraient les cinq principaux commanditaires présumés des attaques de la mi-avril et l’un des trois chefs présumés de la DZ mafia, qui avait pourtant été placé à l’isolement aux Baumettes. Des hommes extraits de leur cellule depuis laquelle ils auraient "organisé, pensé et trouvé un circuit de financement pour ces attaques", selon les mots du garde des Sceaux.

Outre de petites mains, "souvent des mineurs, payés quelques centaines ou milliers d’euros" pour passer à l’acte devant les prisons ou des domiciles de surveillants, le coup de filet aurait également permis d’interpeller de sinistres publicitaires : "des gens qui ont organisé l’intimidation sur les réseaux sociaux avec des images qui visaient à terroriser les agents pénitentiaires", observait Gérald Darmanin en milieu de semaine. "Parmi les mis en cause" figure en effet "celui qui est susceptible d’être le créateur du premier compte Telegram intitulé DDPF (Défense des prisonniers français) et rédacteur du texte de revendication diffusé sur cette chaîne, mettant en cause la condition carcérale", confirment le Pnat et la Junalco. Un homme qui était en détention lorsqu’il a créé cette chaîne Telegram et que la police judiciaire marseillaise avait interpellé et extrait de la prison du Pontet (Vaucluse), où il était en attente d’un procès lié à un trafic de drogue attribué à la mouvance de la DZ mafia. Ce serait à partir de son identification que les enquêteurs ont pu remonter jusqu’à certains commanditaires présumés et à ceux qui ont activé les petites mains, les exécutants de cette opération DDPF.

"Ni l’ultra gauche, ni une ingérence étrangère"

De quoi achever de convaincre Gérald Darmanin que les attaques subies par l’administration pénitentiaire sont une réaction à son annonce, en mars dernier, de la création de prisons de haute sécurité. "En tout cas, on voit bien que ce n’est ni l’ultra gauche, ni une ingérence étrangère, ni le fruit d’une coïncidence générale", mais la réaction d’individus qui "n’ont pas envie d’aller dans le régime carcéral que nous créons en ce moment qui vise à les isoler du reste du monde. Ils ont essayé d’intimider les agents pénitentiaires pour qu’ils fassent grève, qu’ils arrêtent de travailler et demandent au gouvernement de ne pas adopter cette loi", avait avancé le garde Sceaux mercredi dernier, au lendemain de l’adoption définitive de la loi contre le narcotrafic qui prévoit notamment la création de quartiers de haute sécurité dans les prisons pour les trafiquants les plus dangereux.


Corse-Matin - La Provence, le 4 mai 2025

PLAN DU SITE - © la FRAMAFAD PACA & CORSE- 2025 - Pour nous joindre