Depuis plusieurs jours, les prisons sont la cible d'attaques à travers la France. C'est dans ce contexte que le ministre de l'action publique s'est rendu au Centre pénitentiaire d'Aix-Luynes 2, hier, afin d'échanger avec des représentants du personnel.
Depuis qq jours, les prisons sont la cible d'attaques à travers la France. Le ministre Laurent Marcangeli s'est rendu au Centre pénitentiaire d'Aix-Luynes 2, hier, afin d'échanger avec des représentants du personnel. "Notre société se barbarise », assure le ministre @laprovence pic.twitter.com/rBGED5wyR8
— framafad paca corse (@WaechterJp) April 25, 2025
• Laurent BLANCHARD
Cette visite était prévue depuis un certain temps, mais elle a pris une tournure toute particulière. Pas moins de 65 faits d’attaques de prison et d’agents ont été recensés partout en France depuis la semaine passée. Le Centre pénitentiaire d’Aix-Luynes 2 n’a pas été épargné.
Hier, c’est là que Laurent Marcangeli, le ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, est allé à la rencontre des représentants du personnel (agents pénitentiaires, Santé, administratif, enseignement), au terme d’une journée en deux temps qu’il avait entamée au Pélicandrome et à la Base hélicoptère de la Sécurité civile, à Marignane, où il avait inspecté les différents équipements d’intervention.
Vous avez rencontré des représentants de divers services du personnel du Centre pénitentiaire d’Aix-Luynes 2. À la lumière de ces nombreux témoignages, que retenez-vous de ces échanges ?
Quand on est ministre, on n’en est pas moins un être humain. J’éprouve beaucoup d’émotion, car ce qui se passe ici, et plus largement dans la fonction publique, est d’une particulière gravité. J’ai ressenti le désarroi et une attente de réponses de la part des agents que j’ai pu rencontrer. Je vais remonter à Paris avec ce message, dont seront également porteurs le Premier ministre (François Bayrou), le ministre de l'intérieur (Bruno Retailleau) et le ministre de la Justice (Gérald Darmanin) en visite, ce jour même, à Saint-Quentin-Fallavier (en Isère où les agents ont également été la cible d’attaques, NDLR). Ce qui nous amènera à prendre les mesures nécessaires dans les semaines qui viennent.
Face aux représentants du personnel, vous avez annoncé que l’État "va aller plus loin" dans les mesures de protection des agents. Qu’est-ce que ça signifie concrètement ?
Je me suis entretenu avec un agent qui a été victime de plusieurs méfaits cumulés. Il a également raconté les galères dans lesquelles il s’est retrouvé en matière de dépôt de plainte et de soucis matériels. Les dispositifs déjà existants permettent de le couvrir très rapidement. Notamment au niveau de son véhicule.
Moi, ce que je veux proposer, c’est que le ministère puisse porter plainte en lieu et place de l’agent.
S’agit-il de la principale annonce, à ce jour ?
Concernant la pénitentiaire, il y a déjà des dispositifs supérieurs à d’autres fonctions publiques comme, par exemple, la prise en charge des personnes ayant droit, c’est-à-dire la famille. Je veux l’étendre à l’ensemble de la fonction publique. Aujourd’hui, il y a une violence présente à tous les étages de la société : à l’école, à l’hôpital, dans nos collectivités ou des lieux d’accueil. Il faut accompagner nos agents publics au mieux.
Vous évoquez "une société qui se barbarise". C’est un constat sans équivoque…
Je ne sais pas si c’est l’inflation d’informations qui vient à nous, mais il suffit de regarder son smartphone, la télévision et la presse pour s’apercevoir qu’il y a un délitement du lien social qui, dans les propos tenus et les actes commis, prend des formes de plus en plus barbares et violentes. Aujourd’hui, le service public est une forme de réceptacle de cette barbarisation.
Comment en est-on arrivé là ?
Je pense que la culture de l’excuse a fait des dégâts. Il faut sortir d’une posture de déni. On a souvent tenté de nous expliquer que ce n’était pas les gens qui étaient violents, mais la société. Ça peut être, parfois, le cas, et je suis favorable à toutes les formes de prévention possibles afin d’éviter que quelqu’un devienne un délinquant. Ceci étant, aujourd’hui, il y a une culture de l’excuse qui, parfois, a laissé la place à une certaine forme d’impunité que les pouvoirs publics doivent stopper. Ça passe par une fermeté de tous les instants, mais aussi par des moyens et c’est la raison pour laquelle nous avons voté des lois de programmation qui vont dans ce sens.
Justement, parmi les revendications exposées par les organisations syndicales du Centre pénitentiaire d’Aix-Luynes 2, le manque de personnel pointe en première ligne. Il en est de même dans les autres établissements du pays…
C’est la démonstration que, pour le nombre de personnes détenues, le nombre d’agents n’est pas de nature à pouvoir encadrer cette population carcérale. À ceux qui prétendent qu’il y a trop de fonctionnaires en France, je les invite à aller faire un tour dans les centres de détention. Ici, à Aix-Luynes 2, il y a seulement 500 agents pour 2 000 détenus. Il manque une soixantaine de surveillants. De manière générale, ça pose la question du recrutement et de l’attractivité dans les métiers de la pénitentiaire. C’est un sujet auquel je m’attelle.
La Provence, le 24 avril 2025