Les prisons une nouvelle fois visées. Des centres pénitentiaires et des agents ont été pris pour cible dans la nuit du dimanche 20 au lundi 21 avril , annonce Gérald Darmanin sur X, une semaine après le début d’une vague d’attaques nocturnes contre les prisons françaises.
Attaques de prisons : des agents pénitentiaires et des centres de détention pris pour cible cette nuit,, annonce Gérald Darmanin sur X, une semaine après le début d’une vague d’attaques nocturnes contre les prisons françaises. https://t.co/PDqrmhDYbW
— framafad paca corse (@WaechterJp) April 22, 2025
Par Ariel Guez
«Il n’y a pas eu de blessés mais ces faits constituent des intimidations contre la République au moment où nous remettons de l’autorité et de l’ordre dans nos prisons. C’est un moment difficile, mais indispensable pour l’État et ses agents», écrit le ministre de la Justice
Selon le parquet de Lyon, deux véhicules ont été incendiés vers minuit sur le parking sécurisé de la maison d’arrêt de Corbas, près de Lyon. Deux autres véhicules ont été dégradés. Un mineur a été interpellé quelques heures plus tard près de la prison et placé en garde à vue selon le parquet. Il est soupçonné d’avoir voulu commettre un acte de malveillance, selon une source proche du dossier, mais le parquet indique qu’un lien n’est pas établi à ce stade.
Dans le Rhône toujours, une voiture appartenant à un surveillant a également brûlé dans la nuit sur un parking proche de la prison de Villefranche-sur-Saône. Deux surveillants de cet établissement avaient déposé plainte mi-avril pour des messages sur l’application TikTok révélant leur identité quelques jours plus tôt, selon le parquet de Villefranche.
«DDPF»
Par ailleurs, à Villefontaine, commune iséroise qui se situe non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier, la porte d’une maison a été incendiée et des impacts de tirs découverts sur la façade, selon des sources gendarmerie et syndicales. Une inscription «DDPF» a été retrouvée taguée sur le domicile. «Par erreur, les agresseurs ont en réalité ciblé le domicile d’un voisin, croyant viser notre collègue», affirme le syndicat FO Justice sur les réseaux sociaux. Une deuxième habitation a été ciblée, sans inscription découverte.
Dans un communiqué envoyé en fin de matinée, le parquet national antiterroriste a annoncé se saisir des faits sous la qualification suivante: «participation à une association de malfaiteurs terroriste en vue de crime contre les personnes», «tentative d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste» et «dégradation ou détérioration en bande organisée du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes en relation avec une entreprise terroriste».
«Nous exigeons des mesures immédiates de protection»
«Nous exigeons des mesures immédiates de protection pour les agents, une enquête rapide et exemplaire, ainsi qu’une réaction ferme de l’administration et de la justice», martèle FO Justice.
Cette semaine, Olivier Christen, procureur de la République antiterroriste, expliquait qu’il n’y avait «pas de piste qui soit privilégiée» dans l’enquête ouverte sur les attaques ayant visé plusieurs prisons du pays. «Tout est possible, aucune piste n’est fermée», affirmait-il, même s’il «n’y a pas d’élément au moment où nous parlons qui nous permettrait de penser ça».
Les faits se sont produits dans «huit départements», pour un tiers dans les Bouches-du-Rhône et un autre tiers en Île-de-France, a indiqué le magistrat. Le «terrorisme par intimidation (...) pourrait être la qualification retenue», a souligné le procureur: son «objectif est de faire pression sur la population ou sur les pouvoirs publics pour qu’ils fassent, ou ne fassent pas, quelque chose».
Les responsables «seront retrouvés, jugés et punis»
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau évoquait quant à lui la piste de «narco-racailles». «L’une des pistes les plus crédibles». Celles de l’extrême gauche et de l’ingérence étrangère ne sont pas fermées. «L’autorité judiciaire communiquera au bon moment».
Emmanuel Macron a également promis la fermeté de l’État. Les personnes qui «cherchent à intimider» les agents pénitentiaires et «s’attaquent avec une violence inadmissible» aux prisons seront «retrouvées, jugées et punies», a-t-il écrit sur X.
«Notre troisième force de sécurité intérieure accomplit une mission essentielle de défense de l’État de droit et de la paix publique, avec courage et dévouement», poursuivait Emmanuel Macron dans son post. Et de conclure: «Je réaffirme à tous nos agents du ministère de la Justice mon total soutien et celui de la Nation.»