Quinze jours après les premières attaques mystérieuses au nom d'un groupe inconnu "DDPF", ces interpellations, dont deux à Marseille, ont eu lieu hier partout en France dans le cadre d'une vaste opération de police.
Attaques de prisons en France : 25 personnes interpellées. Ces interpellations ont eu lieu hier partout en France dans le cadre d'une vaste opération de police. @laprovence pic.twitter.com/F9QWdU0wTv
— framafad paca corse (@WaechterJp) May 1, 2025
• Blandine FRAYSSE (avec AFP)
À l’aube, hier à Marseille, la brigade de recherche et d’intervention (BRI) a interpellé deux personnes soupçonnées d’être en lien avec l’attaque qui avait visé la prison de Nîmes.
Dans la nuit de lundi à mardi 15 avril, un véhicule appartenant à un agent pénitentiaire avait été incendié près du centre de détention gardois, provoquant une vive émotion au sein du personnel. Un troisième homme a été extrait de la maison d’arrêt du Pontet. De source policière, il s’agirait d’un individu "qui intéresse plusieurs dossiers d’attaques de prisons" et pourrait appartenir "à la structure organisatrice". En tout, de façon simultanée, un vaste coup de filet a permis hier matin à la police d’interpeller 25 personnes également en région parisienne, à Lyon et à Bordeaux.
Le Parquet national antiterroriste (Pnat), qui s’est saisi du dossier, en raison notamment du caractère coordonné des actions, a ajouté que des perquisitions étaient en cours. Les investigations ont permis des "avancées significatives" quant à l’identification des personnes ayant pu commettre les faits et sur les "commanditaires", affirme le Pnat. Il recense une quinzaine de faits entre le 13 et le 21 avril.
"La très grande criminalité organisée"
Le coup de filet intervient alors que le Sénat a adopté hier une proposition de loi destinée à renforcer la lutte contre les narcotrafiquants. Alors que les ministres français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et de la Justice, Gérald Darmanin, avaient dès le début de ces attaques mystérieuses vu la main des narcotrafiquants, le Pnat et la Junalco (Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée) ont relevé dans leur communiqué commun que les faits étaient "susceptibles de s’inscrire" dans la "très grande criminalité organisée".
Le 13 avril à Agen (Lot-et-Garonne) était apparu pour la première fois le tag DDPF, pour "Défense des prisonniers français" : près de sept voitures avaient été incendiées sur le parking de l’École nationale de l’administration pénitentiaire (Enap). S’était ensuivie une série d’incendies de voitures de personnels pénitentiaires un peu partout en France, des tirs de mortiers d’artifices sur des prisons, voire des tirs de kalachnikov comme à Toulon. Le Pnat s’est saisi de ces faits, ainsi que des tirs par arme à feu et des jets de deux cocktails Molotov ayant visé le 21 avril un lotissement à Villefontaine (Isère) où résident des agents pénitentiaires, non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier. Des tags "DDPF" avaient également été retrouvés.
Le groupe "DDPF", totalement inconnu, avait publié vidéo et menaces sur la messagerie cryptée Telegram, qui les a ensuite supprimées et fermé le canal. Au cours des deux semaines d’investigations, qui ont mobilisé près de 200 nquêteurs sur l’ensemble du territoire, a précisé le Pnat, 260 scellés ont été analysés par la police scientifique, 10 millions d’identifiants téléphoniques ont été "criblés" et 90 techniques spéciales d’enquête réalisées.
La Provence - le 29 avril 2025