Les attaques se poursuivent contre les prisons

CRIMINALITÉ Alors que les centres et les agents pénitentiaires continuent d’être visés, les enquêteurs pencheraient pour la piste du grand banditisme lié au trafic de drogue


• GEOFFROY ANTOINE

Des tirs à l’arme de guerre sur le domicile d’une surveillante, les véhicules de dizaines d’agents pénitentiaires incendiés, une directrice de prison intimidée… En l’espace de deux semaines, plus de 100 attaques ont visé les fonctionnaires du ministère de la Justice. Derrière ces violences, l’organisation DDPF, pour « Droits des prisonniers français », qui affirme lutter contre les conditions de vie jugées délétères des détenus de l’Hexagone.


Face à cette offensive d’une ampleur inédite, le Parquet national antiterroriste (Pnat) s’est saisi de treize de ces attaques, les plus violentes, et les services de la police judiciaire, en co-saisine avec les agents de la DGSI, ont la charge de mener l’enquête. Si plusieurs pistes ont été suggérées, notamment celle de la gauche radicale, les enquêteurs penchent désormais, selon nos informations, pour celle du narcobanditisme.

Les faits sidèrent, mais cette vague d’attaques contre les institutions de l’État confirme les inquiétudes de l’Office anti-stupéfiants (Ofast), qui alertait, dans son rapport 2024, sur l’état de la menace liée au trafic de stupéfiants en France. L’organisme s’inquiétait notamment de la capacité des réseaux mafieux à former des « services de renseignement autonomes », capables d’identifier avec précision des cibles issues de la police ou de l’administration pénitentiaire, soit pour les corrompre, soit, comme en témoigne cet épisode de violences, pour les intimider. « Les trafiquants du haut du spectre se sont construit un réseau d’informateurs, abonde un enquêteur, et c’est un phénomène largement observé par la police mexicaine, par exemple. Ce réseau est financé par la rente de la drogue. »

Sur certaines vidéos publiées par les assaillants, on constate d’ailleurs la volonté de recruter des informateurs, ou d’acheter des renseignements. « 5 000 euros pour l’adresse d’un maton », peut-on, par exemple, lire sur une vidéo publiée sur Snapchat, dans laquelle un homme, après avoir incendié le domicile d’une surveillante, rafale le mur du logement à l’arme automatique. « Ils ont réussi à créer un engrenage, avec un effet de mimétisme, où de simples gamins de cité ont tenté de passer à l’action, excités par ces images », détaille un autre policier. De quoi prendre les autorités de court, en raison de l’ampleur et de la coordination contagieuse de ces attaques : la progression de l’enquête n’a pas encore permis d’enrayer le phénomène.

Le JDD - le 27 avril 2025

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