"On se sent seuls", déplorent les agents pénitentiaires de Luynes

.Véhicule incendié, divulgation d’identité, harcèlement sur les réseaux sociaux… le personnel pénitentiaire d’Aix-Luynes 2 vit sous la menace depuis plusieurs jours.


Le ton est donné, dès l’entrée. Les portraits de Fabrice Moello et d’Arnaud Garcia, ces deux agents pénitentiaires froidement abattus par le commando de Mohamed Amra à Incarville (Eure), sont accrochés au-dessus de la porte principale. Deux photos. Deux tristes symboles d’une corporation qui doit composer avec des conditions de travail de plus en plus dégradées, laissant l’insécurité se propager de manière exponentielle. Au Centre pénitentiaire d’Aix-Luynes 2, les visages de ces deux pères de famille sont une façon de le rappeler en permanence. Les attaques régulières de ces derniers temps à travers la France, auxquelles le site aixois n’a pas échappé, y contribuent naturellement, elles aussi. Ici, comme ailleurs, la menace rôde. La peur est palpable. Réelle.

"Je ne ressens pas le soutien de l’État"

"Je fais l’objet d’attaques précises sur les réseaux sociaux", s’est ouvert cet agent pénitentiaire aguerri mais las, après vingt-cinq années passées à côtoyer une population carcérale de plus en plus ingérable, "faute de moyens pour y parvenir".

Venu à la rencontre des personnels de ce centre pénitentiaire hier, Laurent Marcangeli, le ministre de l’Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification, a échangé avec des représentants, en cette période de très haute tension (lire ci-dessus). Il a pu également entendre le témoignage de cet autre agent particulièrement marqué. Comment ne le serait-on pas ? Son véhicule personnel a non seulement été incendié devant son propre domicile, mais, en outre, son identité a été divulguée. Depuis, cet homme a peur pour sa famille. Il est tout aussi "désemparé", confronté à ce qu’il appelle "un vrai isolement". "Après avoir subi tout ça, on dit qu’on est accompagnés, mais j’ai dû, moi-même, effectuer le dépôt de plainte et autres démarches de remboursement pour ma voiture, déplore-t-il. Et encore, ce ne sera pas au taux envisagé. Je ne ressens pas le soutien de l’État. On se sent seuls."

Laurent Marcangeli a promis d’y remédier. Notamment en proposant à un agent agressé qui souhaite porter plainte d’être représenté par son établissement. "C’est important que le ministre soit venu sur place, relève Amandine Cordier, représentante syndicale de l’Ufap-Unsa justice. Mais on n’attend pas juste une visite. Il faut des mesures fortes pour assurer notre sécurité. »

La Provence, le 25 avril 2025

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