ALERTE Prisons attaquées, rafales de kalachnikov, mystérieux groupuscule : la France fait face à une vague de violences coordonnées qui désoriente les autorités
L’article de Jules Torres « Menace d’une insurrection hybride » explore la vague de violences coordonnées contre les prisons françaises, attribuée à un mystérieux groupuscule nommé « DDPF » (Défense des droits des prisonniers français). En quelques jours, onze établissements pénitentiaires ont été visés par des tirs d'armes de guerre et des incendies ciblés, notamment à Toulon-La Farlède et Villepinte. Ces attaques, bien que revendiquées par un discours d'inspiration ultra-gauche, semblent plutôt relever de méthodes de commando, évoquant des actions de narcotrafiquants.
Les autorités françaises, désorientées par cette violence brutale et coordonnée, évoquent une possible convergence entre l'ultragauche et le crime organisé, formant une menace hybride. Cette insurrection hybride, qui combine des éléments politiques et criminels, vise à déstabiliser l'État en s'attaquant à des symboles de son autorité, comme les prisons. Le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, et le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, ont exprimé leur préoccupation face à cette nouvelle forme de terrorisme, appelant à la vigilance sans céder à la panique.
Prisons attaquées, rafales de kalachnikov, mystérieux groupuscule : la France fait face à une vague de violences coordonnées qui désoriente les autorités @leJDD pic.twitter.com/JVjeYjxxBK
— framafad paca corse (@WaechterJp) April 21, 2025
• JULES TORRES
Les prisons françaises deviennent-elles le théâtre d’un nouveau type de guerre intérieure ? En l’espace de quelques jours, onze établissements pénitentiaires ont été visés : tirs d’armes de guerre, incendies ciblés, revendications anonymes signées d’un groupuscule émergent baptisé « DDPF », pour Défense des droits des prisonniers français. Une violence brutale, millimétrée, presque militaire. Et derrière les balles, un brouillard stratégique : qui tire ? Et au nom de quoi ?
Il y a d’abord ce nom, « DDPF », apparu sur des canaux chiffrés de Telegram, porté par un discours truffé de rhétorique des « autonomes » : dénonciation de l’État carcéral, appels au sabotage, références aux prisonniers politiques. Un lexique ancien, recyclé. Mais les mots ont un parfum de poudre. Car les actes, eux, relèvent moins du manifeste que du commando. À Toulon-La Farlède, dans la nuit du 14 avril, quinze balles de kalachnikov sont tirées sur la porte d’entrée. L’agente de permanence n’a eu la vie sauve que par miracle. À Villepinte, ce sont les voitures personnelles des surveillants qui sont incendiées.
Dans la foulée, à Rennes, jeudi 17 avril, le chaos en plein jour. En fin d’après-midi, dans le quartier de Maurepas, une voiture s’arrête, des hommes cagoulés en sortent, kalachnikovs en main, et tirent à la volée. Des images qui ne sont plus tout à fait inédites tant celles-ci se répètent… Quatre blessés : trois par balle, dont un mineur de 16 ans, un autre percuté par le véhicule en fuite. La scène relève du grand banditisme. Aucun lien formel n’a été établi avec les attaques contre les prisons, mais les renseignements notent des convergences troublantes : mêmes calibres, méthodes expéditives, brutalité assumée. Celles que l’on attribue déjà au narcotrafic.
La violence de cette semaine, pour les autorités, ne relève plus de l’accident isolé, mais d’un possible tournant. « On aurait tort d’y voir une simple attaque contre nos prisons,confie un ministre régalien. C’est une bascule. Une jonction inédite. » Deux mondes éloignés qui se croisent : d’un côté, il y a l’ultragauche, familière des thèses antirépressives ; de l’autre, les réseaux criminels organisés, bien décidés à ne plus laisser l’État toucher à leurs intérêts. Ce qu’ils partagent ? Une même haine viscérale de l’ordre et de l’autorité. Le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, s’est rendu à Toulon mardi. Il a parlé de « tentative de déstabilisation de l’État ». Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, appelle à ne pas céder à la panique, mais l’expression est là, en coulisses : « terrorisme hybride ».
Il y a d’un côté l’ultragauche, de l’autre le crime organisé
Une menace neuve, qui déjoue les grilles de lecture : ni tout à fait politique, ni seulement criminelle, mais les deux à la fois. Et d’autant plus redoutable qu’elle ne dit pas son nom. Un terrorisme sans idéologie fixe, mais avec une méthode. Un combat sans drapeau, mais avec des cibles précises.
Frapper une prison n’est pas anodin. C’est s’en prendre à un lieu où l’État exerce directement son autorité, sans intermédiaire. Là où se concrétise la peine, où s’incarne la sanction. Dans un contexte où la police, la justice et les institutions politiques sont régulièrement remises en cause, l’attaque d’un établissement pénitentiaire prend une dimension particulière. Ce n’est plus seulement une contestation venue de l’intérieur des cellules. C’est une offensive menée contre elles.
Le JDD - le 20 avril 2025