Emmanuel Macron se dit favorable au fait d’envoyer des détenus dans des prisons à l’étranger. Une mesure que la Belgique a déjà appliquée entre 2010 et 2016, avant d’y mettre fin.
Transférer des détenus à l’étranger, ne mesure que la Belgique a déjà appliquée entre 2010 et 2016, avant d’y mettre fin.
— framafad paca corse (@WaechterJp) May 16, 2025
Emmanuel Macron se dit favorable au fait d’envoyer des détenus dans des prisons à l’étranger. @OuestFrance pic.twitter.com/JkVkHQhvhJ
• Pierrick BAUDAIS.
Envoyer des détenus dans des prisons à l’étranger ? « Oui, on louera, si besoin était, les places de prison là où elles sont disponibles », a indiqué Emmanuel Macron, mardi soir sur TF1. En mars, dans une interview au JDD, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, avait déjà émis cette idée en visant les détenus étrangers : un peu plus de 19 000 personnes sur un total de près de 83 000 détenus. Pour le ministre, se basant sur un calcul arithmétique, ce transfert de détenus à l’étranger permettrait, ainsi, de régler le problème de la surpopulation carcérale : il y a, en France, environ 20 000 détenus en trop par rapport au nombre de places.
Mais est-ce si simple ? La Belgique fut le premier pays européen à envoyer ses détenus dans un pays tiers : jusqu’à 650 prisonniers furent transférés à Tilburg, aux Pays-Bas, entre 2010 et 2016. « Cela posait plusieurs difficultés », reconnaît Marc Nève, président du Conseil central de surveillance pénitentiaire (CCSP) en Belgique. Notamment le coût : selon la RTBF, le pays avait débloqué 300 millions d’euros pour louer les locaux, mais aussi rémunérer le personnel pénitentiaire hollandais.
« Pour les familles, il était également plus difficile de rendre visite aux détenus », relève Marc Nève. Afin de limiter cette difficulté, les autorités belges avaient bien annoncé vouloir y envoyer des personnes écrouées ayant peu de contact avec l’extérieur. « Mais, en fait, la sélection s’est révélée hasardeuse », poursuit le président du CCSP.
Le suivi médical des détenus était par ailleurs plus compliqué. Certains détenus envoyés à Tilburg ne parlaient pas néerlandais. Et les intervenants extérieurs (enseignants, assistantes sociales, animateurs culturels…) chargés de favoriser la réinsertion de ces détenus « ne pouvaient se rendre à Tilburg ».
L’enjeu de la réinsertion
« La prison, c’est la privation de liberté. Mais c’est aussi la réinsertion – article 707 du Code de procédure pénale. Et comment faire s’il n’y a plus ces activités ou s’il n’y a pas d’ateliers de travail en prison ? » s’insurge Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté en France, opposée à cette proposition.
Pour autant, Marc Nève, reconnaît que les autorités belges envisagent à nouveau d’envoyer des détenus en Albanie ou au Kosovo. Le Danemark a récemment signé un accord avec ce dernier pays. Quant à l’Estonie, ses dirigeants seraient prêts à accueillir des détenus venus d’autres pays, notamment des Pays-Bas.
OUEST-FRANCE le 15 mai 2025