Dénonçant le manque de moyens et les conséquences d’une politique du tout sécuritaire, FSU et CGT des services pénitentiaires d’insertion et de probation interpellent les députés.
Les services pénitentiaires de probation alertent les députés. Ils dénonçant le manque de moyens et les conséquences d’une politique du tout sécuritaire. @lamarsweb pic.twitter.com/kp67bGSDWw
— framafad paca corse (@WaechterJp) May 8, 2025
• Mireille Roubaud
Suppression des activités pour les détenus, annonces fracassantes sur la construction d’une prison haute sécurité et autres frais d’incarcération à payer par les condamnés… Alors que les ministères de la Justice et de l’Intérieur font dans la surenchère sécuritaire, le Syndicat national de l’ensemble des personnels de l’administration pénitentiaire (Snepap) FSU Paca et la CGT Insertion probation 13, se sont mobilisés ce mardi 6 mai, interpellant dans une longue missive les parlementaires des Bouches-du-Rhône sur une « situation préoccupante». Plus précisément, les députés « à l’exception de ceux du RN, dont on n’attend pas grand-chose», précise Olivier Caquineau, membre du Snepap FSU et conseiller pénitentiaire au sein de la prison de Luynes.
Les syndicats incitent les élus à les soutenir et à venir rencontrer les personnels sur site, quand leurs services sont « rarement, pour ne pas dire jamais visités » par les parlementaires dont c’est un des droits dans le cadre de leur mandat.
Des crédits réduits de 25%
Le service pénitentiaire d’insertion et de probation des Bouches-du-Rhône, second de France avec « plusieurs milliers de personnes prévenues et condamnées suivies en milieu ouvert par les antennes de Marseille, d’Aix-en-Provence, d’Arles», mais aussi en détention, est, selon les syndicats, particulièrement concerné. « Nous sommes bien au-dessus des moyennes nationales», insiste Olivier Caquineau, avec à Aix par exemple 120 personnes condamnées à suivre en milieu ouvert pour un conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation, « le double de ce qui fut fictivement posé comme une norme nationale», notent les syndicats dans leur lettre. À Marseille, l’antenne ne tient « que du fait de l’arrivée anticipée des agents amenés à intervenir sur l’extension du centre pénitentiaire des Baumettesen septembre prochain », poursuivent-ils. Où le recrutement insuffisant de personnel se télescope avec l’explosion de la population carcérale.
Pour le Spip des Bouches-du-Rhône, les crédits d’intervention ont été réduits de 25% par exercice en moyenne depuis le printemps 2024, déplorent les syndicats, 45% pour celui du centre pénitentiaire d’Aix. Au-delà, CGT et FSU dénoncent « l’opprobre » jeté par le gouvernement sur leur travail, avec un « discours caricatural. Notre cœur de métier est et doit rester l’exécution de la peine, dans une visée d’accompagnement au changement de la personne suivie et l’aide à la décision judiciaire », estiment-ils.
« On n’existe plus, il n’y a pas de recrutements prévus pour nos services sur le prochain budget, c’était déjà le cas sur le budget antérieur. Mais il ne suffit pas de mettre quelqu’un entre 4murs pour résoudre les problématiques… On prépare la récidive», s’inquiète Olivier Caquineau. Mireille Roubaud
La Marseillaise - le 7 mai 2025