Une cinquantaine de personnes ont manifesté devant la maison d’arrêt de Strasbourg samedi 5 juillet. Parmi elles, plusieurs anciens détenus décrivent une prison insalubre où les morts se succèdent.
Strasbourg: d'anciens détenus dénoncent une prison où l'on meurt
— framafad paca corse (@WaechterJp) July 7, 2025
Mnifestation devant la maison d’arrêt de Strasbourg samedi 5 juillet. Parmi les manifestants, plusieurs anciens détenus décrivent une prison insalubre où les morts se succèdent. https://t.co/qawkwC0XmQ
Le 5 juillet 2025, une manifestation a eu lieu devant la maison d'arrêt de Strasbourg pour dénoncer les conditions de détention insalubres et les décès successifs dans cette prison. Environ cinquante personnes, dont des anciens détenus et des membres d'organisations de gauche, ont participé à cet événement pour exprimer leur solidarité avec les prisonniers et demander des réponses concernant la mort de Serge Meckes, un détenu aveugle décédé dans sa cellule lors d'un incendie.
Points clés de l’article Rue89Strasbourg à ce propos :
1. Manifestation et Revendications :
- La manifestation a été organisée suite au décès de Serge Meckes, un détenu aveugle, dans des circonstances non élucidées.
- Les manifestants, incluant des membres de la famille de Serge Meckes, des anciens détenus et des représentants de syndicats et d'organisations politiques, ont exprimé leur colère et leur incompréhension face à la gestion de la prison.
2. Témoignages des Anciens Détenus :
- Plusieurs anciens détenus ont partagé leurs expériences, décrivant des conditions de vie déplorables, incluant des problèmes d'insalubrité, de surpopulation, et de manque de personnel.
- Mehdi, un ancien détenu, a évoqué des décès similaires pendant sa détention, soulignant des problèmes récurrents de sécurité et de gestion des urgences.
3. Conditions de Détention :
- Les détenus ont décrit des conditions insalubres, avec des problèmes de punaises de lit, de cafards, de moisissures dans les douches, et des câbles électriques dénudés.
- Les restrictions sur les produits de base comme le shampoing, le dentifrice, et l'eau potable ont été dénoncées, ainsi que l'absence de viande halal, ce qui pose question sur une éventuelle islamophobie.
3. Revendications des Détenus :
- Les détenus ont listé neuf revendications principales, incluant l'accès à des produits de base, l'amélioration des conditions d'hygiène, et la rénovation des infrastructures sportives et sanitaires.
- Ils demandent également l'autorisation de sortir avec des bouteilles d'eau pendant les promenades, surtout en période de canicule.
4. Appel à l'Action :
- Les manifestants ont appelé à une intervention du contrôleur général des lieux de privation de liberté pour enquêter sur les conditions de détention et les circonstances de la mort de Serge Meckes.
- Ils ont insisté sur la nécessité de rénovations majeures, voire une reconstruction de la prison, pour améliorer les conditions de vie des détenus.
En conclusion, la manifestation a mis en lumière les graves problèmes de la maison d'arrêt de Strasbourg et a appelé à des actions urgentes pour améliorer les conditions de détention et prévenir de futures tragédies.
Guillaume Krempp
« Solidarité, avec les prisonniers ! » Une cinquantaine de personnes ont donné de la voix samedi 5 juillet en début d’après-midi. Empêchés d’approcher l’entrée de la maison d’arrêt de Strasbourg, manifestants et manifestantes ont fini par crier pour tenter de se faire entendre des détenus à une centaine de mètres. Le rassemblement a eu lieu à l’appel de plusieurs prisonniers strasbourgeois suite au décès de Serge Meckes dans sa cellule. Plusieurs membres d’organisations de gauche ont répondu présents, comme la CNT, les syndicats Solidaires Alsace et FSE ou encore l’Action antifasciste. Le député insoumis Emmanuel Fernandes était aussi venu grossir les maigres rangs de la manifestation.
« Tout ce que j’attends maintenant, c’est la vérité sur les circonstances de la mort de Serge. »
Lucien, neveu de Serge Meckes
Neveu du défunt, Lucien Meckes a tenu à rendre hommage à Serge Meckes. Il est aussi venu exprimer son incompréhension :
« Tout ce que j’attends, c’est la vérité sur les circonstances de sa mort. Pourquoi est-ce qu’on a laissé un aveugle seul en cellule ? Combien de temps les surveillants ont mis pour intervenir après le début de l’incendie ? J’ai lu avant d’arriver qu’il y a des centaines de morts chaque année dans les prisons françaises. Pour moi, ce qui est arrivé à Serge aurait pu être évité. J’ai l’impression qu’à cause du manque de personnel, les prisons sont mal gérées. »
Des morts en série
Aux côtés de Lucien, Mehdi se tient aussi sur ce bout de trottoir en solidarité avec la famille Meckes. Devant la prison qu’il a connue entre 2005 et 2006, il se souvient des décès qui ont eu lieu pendant sa détention à Strasbourg :
« Quand j’étais à l’Elsau, il y a eu trois morts. Deux s’étaient pendus. Et pour le troisième, c’était déjà un décès dans l’incendie d’une cellule. Alors 20 ans plus tard je me demande : comment est-ce possible qu’on n’arrive pas à ouvrir assez vite une cellule en feu dans une prison ? Il n’y a pas de surveillants qui font des rondes ? Il n’y a pas de détenus qui crient et tapent sur la porte pour alerter ? »
Appel au contrôleur général des prisons
Après avoir garé sa voiture devant la prison, Tourpal (le prénom a été modifié) place un carton qu’il a peint aux couleurs du drapeau français. Ancien détenu à la maison d’arrêt de Strasbourg, il a inscrit au marqueur noir les revendications de ses anciens camarades de détention (à retrouver au bas de cet article). Et des questions qui naissent de la mort de Serge Meckes :
« Il y a quelques jours, un mort, brûlé dans sa cellule à Strasbourg. Un prisonnier reste un être humain, même s’il purge sa peine. Où sont les droits de l’Homme ? Où est le contrôle général des lieux de privation de liberté ? »

Les revendications n’ont pas manqué d’en appeler aux valeurs de la République française.
Une prison insalubre
Samir, 21 ans, n’a pas connu la détention. Il s’est rendu à la manifestation car il connaît la réalité de la prison strasbourgeoise à travers les témoignages d’amis incarcérés : « Ils m’ont surtout raconté l’insalubrité, les punaises de lit, les cafards, les moisissures dans les douches, les câbles électriques dénudés… » Il n’est pas le seul à relayer la colère des détenus musulmans face à l’absence de viande halal dans les denrées à cantiner : « Ce n’est pas possible de priver les musulmans de viande. Certains en viennent à se faire livrer de la viande par drone ! »
Un peu en retrait, vêtu d’un maillot de l’Olympique de Marseille et d’une casquette Tn sur la tête, André se souvient de sa détention il y a vingt ans. Il sait que les conditions de vie dans la prison se sont durcies ces dernières années. Par un cousin incarcéré, il sait que la promenade n’a lieu plus qu’une fois par jour contre deux avant la pandémie de covid : « Si t’as pas le mental, quand tu passes ta journée à deux dans neuf mètres carrés, c’est le genre de truc qui peut te faire craquer… » Quand on l’interroge sur sa priorité pour améliorer les conditions de détention, André répond sans l’ombre d’un doute : « Rénover la prison, voire même la raser pour la reconstruire… »
Les revendications des détenus strasbourgeois
Un ancien détenu de la maison d’arrêt de Strasbourg nous a transmis une liste de neuf revendications portées par la manifestation du 5 juillet. La voici :
- La cantine extérieure ne fournit plus de shampoing ou de dentifrice basiques depuis plus d’un an. Dans les autres prisons, ils sont toujours disponibles.
- On ne peut commander qu’un seul pack d’eau (6 bouteilles) par personne, mais en été, avec 35-40 degrés, cela ne suffit que pour 3-4 jours. L’eau du robinet a une forte odeur de chlore, elle est imbuvable, et certains ont mal au ventre à cause de ça. Dans les autres prisons, on peut commander deux packs d’eau.
- Un seul paquet de pâtes par semaine, alors que dans d’autres prisons, on peut en commander 3, 4 ou 5.
- Presque tous les produits de la cantine sont limités à un seul par semaine.
- La viande halal a été retirée depuis plus d’un an. Il n’y a ni poulet, ni bœuf, alors que dans d’autres prisons comme Nancy, Lutterbach ou Metz, tout cela est disponible. Ce traitement pose la question de l’islamophobie des responsables de la prison de Strasbourg.
- Les barres de traction dans les cours de promenades sont mal soudées, trop larges et blessent les épaules de tous ceux qui les utilisent. Elles sont là depuis 10-15 ans et causent des blessures. Nous demandons des équipements de sport normaux comme dans les autres prisons. Les gants de boxe sont autorisés partout sauf à Strasbourg, nous demandons qu’ils soient autorisés ici aussi.
- Il est interdit de sortir avec une bouteille d’eau en promenade, même en été quand il fait 35-40 degrés. Dans toutes les autres prisons de France, c’est autorisé.
- L’insalubrité des douches dans la prison est indécente. Alors que nous n’avons que trois douches par semaine, ces douches sont remplies de moisissures. Dans certains étages, seulement deux douches sur cinq fonctionnent de sorte que nous devons nous relayer pour nous laver dans cet espace qui est déjà exigüe et moisi.
- La cantine de Strasbourg est un vrai problème : le choix est très limité comparé aux autres prisons, et en plus des restrictions, on ne peut commander qu’un article à la fois.