Des brouilleurs aux Baumettes 3 qui inquiètent

Un appel d’offres a été lancé pour équiper les Baumettes 3 de brouilleurs. Reste que le système a déjà causé des problèmes aux riverains de la prison actuelle.


• Mireille Roubaud

Empêcher les communications illicites sans perturber le voisinage… Un défi que lance aux entreprises candidates l’appel d’offres émis le 28 mai par la Direction de l’administration pénitentiaire sur l’« acquisition d’une solution de détection et neutralisation des communications illicites dans l’établissement de Marseille Baumettes3 ». Un marché à 24 millions d’euros hors taxe, dont 8 millions dévolus à cet équipement.

Il s’agit de repérer et neutraliser « avec une localisation la plus précise possible», les appels et échanges de données par le réseau, le Wifi, le Bluetooth et les satellites. Et ce « sans perturbation ou débordement à l’extérieur de ces zones».Et c’est bien là ce qui inquiète les riverains de la prison, échaudés par la mise en place du brouillage aux Baumettes 2 en mai 2021.

Faute de réseau, « on passe depuis par le Wifi», témoigne Éliane Gastaud, coordinatrice du collectif des voisins des Baumettes. Il a fallu que le ministre de la Justice d’alors, Éric Dupond-Moretti, vienne à Marseille en 2023, que le député (Ren.) du secteur, Lionel Royer-Perreaut, l’interpelle pour que la situation s’améliore… Et encore.

Tenir compte du milieu urbain

« À l’automne dernier, les brouilleurs se sont déréglés»,poursuit Éliane, au nom des 100 à 150 habitants concernés. « On est en milieu urbain, on ne peut pas faire n’importe quoi»,estime-t-elle, racontant les médecins qui attendent les résultats de scanners et autres angoisses pour prévenir les secours si le Wifi venait à tomber. Et de craindre l’impact futur quand les Baumettes 3 seront à 100m à peine des immeubles. Au cours des réunions trimestrielles avec l’Agence publique pour l’immobilier de la justice, elle n’a pas manqué de l’évoquer. « Je vais le remettre sur la table en juin, même si on m’a assuré que ce serait une solution nouvelle génération», prévient-elle, considérant qu’il suffirait de supprimer les téléphones… Ce que tente de faire le ministère de l’Intérieur avec de maigres résultats. L’opération « Prison Break », le 20 mai, avec 66 lieux de détention perquisitionnés, a permis la saisie de 164 téléphones. Une lutte perdue d’avance pour Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté.

Il serait « peu réaliste d’imaginer maintenir l’interdiction aux personnes détenues de l’usage, devenu si banal, du téléphone portable»,estime-t-elle dans un avis publié au journal officiel le 19 février. Dans un contexte où l’accès à une ligne fixe reste limité et cher pour les détenus, elle prône au contraire « un accès encadré à la téléphonie mobile ».

Mireille Roubaud

La Marseillaise, le 5 juin 2025

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