Des syndicats d’avocats, de juges, de pénitentiaires et de personnels soignants se sont réunis pour dénoncer la surenchère sécuritaire du gouvernement.
Les Baumettes 3, pas encore ouverte et déjà surpeuplée : « Baumettes 3 va déjà ouvrir en surpopulation» @lamarsweb pic.twitter.com/GAE3JoWkeH
— framafad paca corse (@WaechterJp) July 4, 2025
• Eva Janus
Baumettes 3 va déjà ouvrir en surpopulation», s’exclame Julie Jarno, représentante du syndicat des avocats de France. Dans la salle de l’union départementale de la CGT à Marseille, les syndicats des magistrats, des avocats, la CGT pénitentiaires, des hôpitaux Sud et l’union locale se sont réunis pour alerter sur les problèmes de l’ouverture de Baumettes 3. Lancée en 2018, cette extension des Baumettes doit ouvrir en novembre 2025 et accueillir 740 détenus. Présentée comme une solution à la surpopulation carcérale de sa grande sœur, Baumettes 2, qui atteint les 180% de capacité d’accueil, elle serait en substance, selon les syndicats, une fausse solution. « Plus on ouvre de places, plus on emprisonne, affirme Julie Jarno. ça ne résout donc rien. »
Et la surpopulation est déjà envisagée dans le nouveau bâtiment. « 185lits superposés ont déjà été installés », affirme Paul Courtaro, secrétaire général de la CGT pénitentiaires Paca corse. Son syndicat réclame pourtant des cellules individuelles. «Les conditions des personnes détenues ce sont nos conditions de travail, martèle-t-il. Les cellules individuelles permettraient de réduire le taux d’agression des agents.»
« On sait que l’on va accueillir les surplus des prisons de toute la région Paca », affirme Aïcha Khelfa, secrétaire adjointe de la CGT Pénitentiaires Paca Corse, en plus de ceux des Baumettes. Des conditions d’enfermement difficiles à laquelle s’ajoute un manque de personnel encadrant qui rend compliqué l’accompagnement des détenus. « Beaucoup de détenus ont des sorties sèches [sans préparation à la sortie, Ndlr.] », explique Laurence Blisson, représentante locale du syndicat des Magistrats. Une situation qui ne va pas s’améliorer avec l’ouverture de l’extension puisqu’il « va manquer environ une centaine de surveillants», explique Paul Courtaro. Un manque d’accompagnement qui prévient mal la récidive.
« L’objectif doit être de désengorger les prisons en favorisant les peines alternatives, s’exclame le cégétiste. Pour que les peines retrouvent leur sens ». Les syndicats dénoncent une surenchère du « tout prison » qui sert uniquement un discours politique et qui étouffe les prisons. En 50 ans, le nombre de personnes incarcérées est passé de 27 100 à 75 900.
Eva Janus
La Marseillaise, le 3 juillet 2025