Vendin-le-Vieil se prépare aux situations de crise

Début juillet, un exercice grandeur nature a mobilisé 154 intervenants pour simuler une prise d’otages et une mutinerie dans cet établissement ultra-sécurisé d’un nouveau genre.


Timothée Boutry Envoyé Spécial À Vendin-Le-Vieil (pas-De-Calais)

Des cris fusent au fond du couloir et une certaine agitation s’empare du bâtiment maison centrale 1 (MC1) du centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais). Des surveillants déboulent dans l’atrium, tandis que la responsable du bâtiment a l’oreille collée à son téléphone. « L’incident est confirmé. Vous pouvez déclencher l’alarme générale », intime cette capitaine dont les informations vont immédiatement à la cellule de crise. « Deux moniteurs de sport sont retenus en otages par quatre détenus particulièrement signalés. Ils ont deux couteaux », expose-t-elle.

Un plan dédié

Les fonctionnaires des équipes locales de sécurité pénitentiaire (ELSP), primo-intervenants en cas d’incident, filent s’équiper. Mais la présence de couteaux change la donne. Les Eris (équipes régionales d’intervention et de sécurité), spécialement créées pour faire face aux situations de crise, sont appelées à la rescousse. Pour cela, le directeur de l’établissement, Marc Ginguené, a dû obtenir l’aval de sa direction interrégionale. Ces intervenants de choc, tout de noir vêtus et arme de poing sur la cuisse, ne mettent que quelques minutes à se positionner en colonne au bout du couloir. Et pour cause, Vendin-le-Vieil a une équipe Eris à demeure.

En ce mardi caniculaire, il ne s’agit que d’un exercice, un plan de protection et d’intervention (PPI) dont le principe est de mettre en branle plusieurs services de l’État. « C’est le troisième de ce type en un mois, c’est assez inhabituel », admet Marc Ginguené. Avec Condé-sur-Sarthe (Orne), le centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil s’apprête à accueillir les plus gros narcotrafiquants du pays. Des aménagements ont encore renforcé la sécurité du site. L’exercice a lieu dans une prison quasiment vidée avant l’accueil des premiers pensionnaires du quartier de lutte contre la criminalité organisée à partir du 31 juillet.

« Trois agresseurs en visu »

Au sein du bâtiment MC1, les Eris ont tenté une approche mais ont fait marche arrière. « On a aperçu l’un des otages avec le couteau sous la gorge. La priorité est de ne pas mettre en péril leur sécurité. Les négociateurs entrent en jeu », débriefe l’un des responsables. La situation est figée. Le Raid, dont l’intervention incombe au préfet, est sollicité. Les policiers d’élite débarquent de Lille et reprennent la position. « Otages vus. Couteau main droite. Trois agresseurs en visu », égrène la tête de colonne en jetant un œil sur le couloir. Les policiers se rassemblent pour étudier le plan du secteur. La présence de deux grilles entre le sas et le lieu de la prise d’otage est prise en compte. Depuis une salle à l’écart, les négociateurs essaient d’obtenir la reddition des assaillants et trois détenus acceptent de se rendre en libérant un otage. Le Raid devra mener l’assaut pour libérer le second moniteur et appréhender le meneur.

Mais la salle de crise est en surchauffe. Une poignée de détenus du quartier MC4 ont refusé de réintégrer leur cellule. Les Eris doivent intervenir pour régler ce surincident. « Avant d’entrer dans la cour, on procède aux sommations d’usage. Si on doit entrer, on se déploie de la droite vers la gauche. Tout se fait au coup de sifflet », détaille le chef à ses troupes avant de passer à l’action. Un détenu, agressé par d’autres, est grièvement blessé à la jambe. Dès que l’opération s’achève, pompiers et équipiers du Smur pénètrent dans la cour pour l’évacuer vers le centre hospitalier.

« Le bilan est positif. À chaque fois on passe un cap », se satisfait Marc Ginguené à l’issue de cet exercice qui a mobilisé 70 agents de l’établissement, 20 des Eris, 10 du Raid, 7 pompiers, 7 agents du Smur et 40 policiers, notamment pour bloquer les alentours. Malgré quelques petites difficultés de communication, le directeur sent ses équipes tout à fait prêtes. « Je n’ai pas besoin d’être rassuré, observe-t-il. Je ne suis pas inquiet. »

Le Parisien - le 12 juillet 2025

PLAN DU SITE - © la FRAMAFAD PACA & CORSE- 2025 - Pour nous joindre